Finale Coupe de France des Rallyes 2014 à La Rochelle
Bruno LONGEPE dans la bonne échappée
Evènement unique dans le milieu du Rallye amateur, week-end féerique mixant sportivité, festivité et convivialité, la Finale de la Coupe de France des Rallyes soufflait du 17 au 19 Octobre 2014 ses 30 bougies. Cette année, c'est le Comité Poitou-Charentes, et plus particulièrement l'ASA Sport Automobile Océan emmenée par ses chefs d'orchestre, Jean-Roch Lebossé et Gérard Texier, qui ouvraient leurs portes à la grande messe annuelle du Rallye français, avec comme centre névralgique La Rochelle et son Port des Minimes. Couplée à la Finale des Véhicules Historiques de Compétition, ce qui représentait au passage une première, la Finale des Rallyes Modernes 2014 battait le record du nombre de finalistes, au total 195.
Avant le lancement des hostilités, le vendredi sous les coups de midi, les représentants des 19 Comités Régionaux piaffent évidemment d'impatience d'en découdre sur les spéciales rapides, mais piégeuses, tracées à travers marais et terres charentaises. Comme le veut la tradition depuis 2012, l'ES de repositionnement, vierge au classement mais permettant de définir un ordre de départ pour la première étape, inaugure les débats. Le long des 7.410 kms de ce prologue, les Nordistes Xavier et Nathalie Pruvôt créent la surprise en hissant leur Toyota Célica GT Four (FA8) au sommet de la hiérarchie. Jean-Charles Beaubelique (Ford Fiesta R5 - Limousin) s'accroche au bon wagon à 4s5, talonné par Michel Morin (Ford Fiesta S2000 - Centre) et l'impressionnant Samuel Bézinaud (BMW 318 Compact, Poitou-Charentes), préfigurant une féroce ténacité à domicile.
De nuit, les échauffourées débutent réellement, avec un Jean-Charles Beaubelique faisant honneur à son statut de favori, mais poursuivi par un Sébastien Alemany (Peugeot 207 S2000 - Normandie) déchainé. Morin ne concède que 3s7, et Pruvôt demeure solidement accroché aux avant-postes, à 5s5. Mais les 17.5 kms d'Aunis Sud viennent brouiller les cartes : ce dernier part en tête-à-queue et concède de précieuses secondes, tandis que Beaubelique tire droit. Préférant jouer la prudence au prologue en validant les réglages de sa Peugeot 207 S2000 fraichement remontée, Bruno Longépé (Bretagne-Pays de Loire) passe à l'offensive et se propulse sur les devants de la scène au terme de cette première étape, damnant le pion à un Alemany détonnant. Mettant à profit son sens de l'attaque aigüe et sa connaissance du terrain, Samuel Bezinaud signe une performance de premier ordre en refermant le tiercé gagnant, au nez et à la barbe des Fiesta de Morin et Beaubelique. Mais, tous ont en tête la célèbre maxime « demain sera un autre jour ». Première difficulté de la journée, la spéciale « Anses et Marais » tracée en quasi front de mer aux portes de la station balnéaire de Fouras-les-Bains, qui réserve de nouveaux rebondissements. Parti à l'attaque, Michel Morin effectue une légère sortie de route. Bilan : de précieuses minutes envolées, et tout espoir de titre suprême. Quant à Sébastien Alemany, des prémisses inquiétants de coupure moteur se font ressentir sur sa Lionne. Serein mais concentré, Longépé accroit son excédent, mais demeure sous le joug constant de Beaubelique. D'ailleurs, la réplique du Limougeaud est immédiate dans CG17 1 (16 kms), avant que Longépé rétorque de nouveau dans la redoutée « Aunis Sud » (17.5 kms). Quant à Alemany, un instant de déconcentration l'a conduit à la faute, endommageant une aile avant de sa 207 S2000, et signifiant un adieu déchirant à l'espoir de podium. Pruvôt rejoint quant à lui la liste des abandons, suite à un turbo défaillant. A l'entame de la dernière boucle, le suspense demeure entier, car si Bruno Longépé dispose d'un pécule de 16s7, le scénario d'un grand schelem de Beaubelique ne relève pas de la science-fiction. Longépé, avouant ne pas savoir « gérer », opte pour une stratégie d'attaque jusqu'au boutiste. Beaubelique en fait de même, mais le premier cité, au terme d'un final haletant, a le dernier mot. En totale osmose avec sa Bavaroise, Bézinaud récolte quand à lui le fruit d'un parcours sans faute en s'ornant de bronze ; Alemany venant mourir à 33s du trio de tête. Sur ses terres, et poussé dans ses derniers retranchements, Mathias De Sousa (Subaru Impreza STI N15, Poitou-Charentes) s'octroie le quinté, face au méritant Anthony Puppo (Skoda Fabia S2000), qui a dû s'acclimater à un relief radicalement différent de celui de son arrière-pays niçois. Quant au nom du 7e, Jérôme Chavanne (Renault Clio RS- Rhône Alpes), il est sur toutes les lèvres tant son attaque subliminale enchante le public venu en masse. Le Savoyard fait la nique au Vosgien Jean-Nicolas Hot (Subaru Impreza STI N15 - Alsace Lorraine) qui glane le 8e rang. 9e et revenu du diable-vauvert, Philippe Brun (Renault Mégane Maxi - Rhône Alpes) déloge l'excellent Teddy Blanc-Garin (Champagne-Ardennes), lui-même refermant le cercle très convoité du Top 10.

Groupe A: LONGEPE sabre le champagne

Forfait de dernière minute à Châteauroux 2008 suite à une blessure, absent au Pays Basque 2010 suite à une non-qualification consécutive à une casse moteur au dernier rallye qualificatif, Bruno Longépé tient enfin sa revanche en Finale, et assouvit de fort belle manière sa soif de victoire, que ce soit au général ou en Groupe A, où les S2000, avec Alemany et Puppo dans ses rétroviseurs, ont monopolisé les avant-postes.
En A8, Pruvôt tient solidement les rênes avant que son turbo ne lui fasse des siennes et le contraigne à abdiquer. Dominique Stique (Mitsubishi Lancer Evo 8 - Champagne Ardennes) ayant également rendu les armes suite à la casse de sa boite de vitesses dès le prologue, c'est Gilles Roca (Subaru Impreza GT - Languedoc Roussillon) qui hérite de la pôle position, reléguant à des années lumières la Citroën DS3 de Rosine Chauffour et Emeline Massié (Limousin), victorieuses en Coupe des Dames, et la Seat Ibiza TDI de Frédéric Robinet (Centre) ; Vincent Christiann (Toyota Célica GT Four - Nord Picardie) ayant également broyé du noir.
Philippe Brun souffre de l'absence de concurrence en A7K, le Savoyard Thierry Joram (Renault Mégane Maxi - Rhône Alpes) n'étant pas dans le coup, et Pascal Clairet (Peugeot 306 Maxi - Rhône Alpes) ayant disparu rapidement des tablettes. Ne pouvant lutter à armes égales, Daniel Pedeneau (Renault Clio 3 Sport - Poitou Charentes) s'offre l'opportunité, profitant du retrait de Cyril Bardin (Peugeot 306 Maxi - Languedoc Roussillon).
La A7 en revanche a été le théâtre d'un scénario chaotique. Acte 1 : Thibaut Habouzit (Renault Clio 16S) déjoue les pronostics dès le prologue en s'insérant dans le Top 10, mais les réjouissances sont de courte durée pour l'Auvergnat, qui effectue une touchette et jette l'éponge au terme de l'ES 2. Acte 2 : La valeur sûre Olivier Thomas (Renault Clio Ragnotti - Bretagne Pays de Loire) récupère le flambeau, pendant que Florian Udvarnosky (Renault Clio Williams - Rhône Alpes) disparaît également des tablettes. Or, le Vendéen se fait piéger dans l'ES 6, et cède (Acte 3) le leadership à Antoine Hommeau (Renault Clio Williams, Aquitaine), parti en fanfare le samedi matin. Jouant d'une belle dextérité, le Béarnais s'érige en lauréat, malgré un embrayage agonisant lors de l'ultime ES. Il ne laisse que des miettes à ses poursuivants, Laurent Campoy (Languedoc Roussillon) et Jérôme Borréani (P.A.C.A.), tous deux sur Peugeot 206 RC.
En proie également à un embrayage récalcitrant, Cédric Orillac (Citroën Saxo S1600, Aquitaine) laisse le champ libre aux Saxo Kit-Car de Patrice Mottuel-Bain (Rhône Alpes) et Yohann Franco (Normandie) qui en terminent dans cet ordre respectif, malgré le final endiablé du second cité.
En A6, l'époustouflant Thomas Chauffray (Citroën Saxo VTS - Normandie) prend le large, tout en ayant un œil attentif sur le local Adrien Primault (Citroën Saxo VTS - Poitou Charentes), au rendez-vous à domicile. Un peu plus en retrait, Gérald Marchand (Champagne-Ardennes) et Arnaud Aubry (Lorraine-Alsace), tous deux sur Citroën Saxo VTS, se tiennent dans un mouchoir de poche. Or, les deux hommes de tête rejoignent la liste des abandons le lendemain. Aubry disparaît également des écrans radars, tandis que Nicolas Chambon (Auvergne) pointe le museau de sa Citroën Saxo VTS, et mène la vie dure au téméraire Marchand, qui repousse néanmoins les velléités de son rival. Landry Segealet (Citroën Saxo VTS - Rhône Alpes) complète le podium, au terme d'un bras de fer sanglant opéré avec David Charloton (Citroën Saxo VTS - Centre).
Alexandre Neyret-Gigot (Fiat Panda Kit Car - Auvergne) souffle sur les braises de la A5K, transcendant les 106 Kit Car de Lionel Gomez (Corse) et Jérôme Favre (Poitou-Charentes).
La petite cylindrée tombe dans l'escarcelle de Lionel Frégeac (Peugeot 106 XSI - Midi Pyrénées), malgré une masse défaillante au prologue et un alternateur en état grippal à l'entame de la seconde journée. Jérôme Taral (Peugeot 106 XSI) tenait solidement les rênes du dauphinat, mais une erreur de sa part permet à Aurélien Fréjefond (Peugeot 106 XSI) de triompher pour les accessits.
Groupe N: Le show de HOT

En Groupe N, si l'on attendait plutôt un habitué des lieux, en l'occurrence le Normand Michel Bourgeois (Mitsubishi Lancer Evo 8) pour la conquête du Graal, c'est pourtant le Vosgien Jean-Nicolas Hot (Subaru Impreza STI N15 - Lorraine Alsace) qui se met en exergue au soir de la première étape, talonné par le premier cité, lui-même encerclé par l'épatant Teddy Blanc-Garin, qui effectue sa deuxième épreuve avec sa nouvelle Mitsubishi Lancer Evo 9 ex-Landron. Yannick Patier (Subaru Impreza STI - Limousin) aurait pu également jouer les trouble-fêtes, mais une excursion dans les champs l'écarte des débats. Pendant que Hot enfonce le clou le lendemain, ce dernier se place néanmoins sous le feu des projecteurs en signant une kyrielle de chronos significatifs, à l'image de Blanc-Garin qui passe la surmultipliée et coiffe sur le fil Bourgeois. Patier peut légitimement regretter son erreur de la veille, car, au forceps, il s'arroge le carré d'as.
En N3, Raoul Lecroix (Renault Clio RS - Nord Picardie) compose les premières gammes, mais Thierry Landais (Renault Clio Ragnotti - Bretagne Pays de Loire) lui vole la partition, avant d'émettre un bémol et de laisser Sylvain Mahier (Renault Clio Ragnotti) aux griffes du Nordiste. Etonnant d'agilité, le représentant du Comité Centre bluffe l'auditoire en contrecarrant ensuite les ambitions de deux fer de lance de la catégorie, revenus en fanfare au sommet de l'affiche : Frédéric Michaud-Maillet (Renault Clio Ragnotti - Rhône Alpes) et Jean-Philippe Muselli (Renault Clio Ragnotti - Corse). Ne pouvant lutter à armes égales, Lacroix se console avec le pied du podium.
En N2, Jérôme Dupuy (Citroën Saxo VTS - Midi Pyrénées) s'adjuge un superbe récital, et s'affirme comme l'une des références françaises de cette Classe convoitée. Son homologue Midi-Pyrénéen, Joël Do Rego (Peugeot 106 S16) s'incline, mais coupe en retraite la Peugeot 106 S16 de Cyrille Gueutal (P.A.C.A.). A noter le retrait prématuré de Gabriel Lieffroy (Honda Civic - Lorraine Alsace), qui rivalisait jusqu'alors avec le second cité.
Tenant solidement les rênes de la Classe biberon, le véloce Christophe David (Citroën AX GTI - Ile de France) sort violemment à la réception d'une bosse, à quelques encablures de l'arrivée de l'ultime ES. Déployant tout son art, Anthony Hornet (Citroën AX GTI - Normandie) mate l'autre Citroën AX GTI de Gaétan Briantais (Lorraine-Alsace). Wilfried Valcourt (Peugeot 205 Rallye - Auvergne) se mêlait également aux affrontements, avant de rendre son carnet de bord dans l'ES 5. Quant à Nicolas Fouquet (Peugeot 106 Rallye - Centre), il n'a pu s'exprimer réellement, suite à une sortie de route sans gravité d'entrée de jeu.

Groupe F2000: BEZINAUD en héros

Malgré un début de période qualificative compliqué, Samuel Bezinaud n'a pas baissé les bras, et tenait absolument à être de la fête pour signer un exploit à domicile. Mission accomplie, avec en prime un superbe coup de Trafalgar pour le gain du podium général. Leader à l'applaudimètre, Jérôme Chavanne (Rhône Alpes) exploite le tout le potentiel de sa Renault Clio RS pour conquérir la médaille d'argent. Quant à Yohan Dupouy (Peugeot 306 S16 - Aquitaine), il hausse peu à peu le ton pour s'affranchir d'une armada de poursuivants aux dents longues emmenés par Philippe Rageau (Renault Mégane Maxi - Poitou Charentes).
En F2000-13, Lionel Mesnager (Ile de France) fait littéralement voler sa Citroën Saxo VTS, et crève l'écran en repartant pour la deuxième étape en 18e position. Utilisant le moindre recoin de bitume, il virevolte pour parer à la botte de Kévin Coignard (Peugeot 106 16S - Bretagne Pays de Loire), transcendant lui aussi. Engagé dans une lutte tripartite sans merci avec ses deux concurrents, Fabien Cassagne (Citroën Saxo VTS - Rhône Alpes) s'orne de bronze, après avoir repoussé les ardeurs d'un Thibault Mulon (Peugeot 206 S16 - Poitou Charentes) au mieux de sa forme.
Dans une spirale victorieuse, Nicolas Sonnerat (Citroën Saxo VTS - Rhône Alpes) domine sans détour. Habitué des Finales, Franck Jovin (Citroën Saxo VTS - Bourgogne Franche Comté) ne peut contester sa suprématie, mais s'emploie à assommer la concurrence constituée par Christophe Drouaud (Peugeot 106 16S - Poitou Charentes).
Le local Christophe Rault (Peugeot 106 XR - Poitou Charentes) fait quant à lui de la F2000-11 son pré carré, ne se faisant pas voler la vedette par Thierry Padilla (Opel Kadett GTE - Languedoc Roussillon) et Fabrice Meurat (Citroën AX - Bourgogne Franche Comté).
Groupe R: BEAUBELIQUE, DE SOUSA et les autres…

Naturellement, Beaubelique conquiert la courronne. Inversement, en R4, le suspense demeure entier le vendredi soir, où si Mathias De Sousa prend l'ascendant, Julien Marty (Mitsubishi Lancer Evo 9 - Midi Pyrénées) lui emboite le pas. Le Figeacois se révèle de plus en plus menaçant, et exulte son talent sur un terrain qu'il découvre, poussant De Sousa à la faute dans une épingle de l'ES 5. Au départ de l'ES 6, Marty reprend la main. Hélas, dans une portion rapide, une roue arrière se désolidarise de la Japonaise, et entraine inévitablement l'équipage lotois en tonneaux. Une voie royale s'ouvre alors pour De Sousa, qui rafle la mise.
En R3, Antonin Mougin (Renault Clio R3 - Bourgogne Franche Comté) témoigne d'une solide opiniâtreté. Stéphane Rogeon (Citroën DS3 R3 - Poitou-Charentes) et Patrice De Launay (Renault Clio 4 - La Réunion) ne peuvent qu'acquiescer.
Anthony Franck (Peugeot 208 VTI - Champagne Ardennes) se taille la part du lion en R2, brisant les espoirs de Fabien Leroux (Citroën C2 R2 Max - Nord Picardie) et Nicolas Michelet (Citroën C2 R2 Max - Ile de France), qui au terme d'un duel fratricide, en terminent dans cet ordre.
Romain Auvert (Renault Twingo RS - Limousin) ne fait pas de détails en R1 face à Didier Helwin (Citroën DS3 - Aquitaine).

Groupe GT : GELLUSSEAU impérial

Aux commandes de sa Porsche Cayman S, Luc Gellusseau (Poitou-Charentes) savoure une victoire en GT de Série, de surcroit dans son jardin. Emmanuel Dumont (Porsche Cayman S - Aquitaine) est débordé au finish par l'autre Porsche Cayman de Cyrille Kerdraon (Nord-Picardie) pour le gain des places d'honneurs.
Alain Féraud (Hommell RS 2 - P.A.C.A.) dicte sa loi à Hervé Gagneur (Hommell RS 2 - Bourgogne Franche Comté) et Etienne Chapin (Hommell RS 2 - P.A.C.A.) au sein de la Classe GT9.




Au terme d'une Finale particulièrement éprouvante pour les hommes et la mécanique, ce sont 124 binômes qui regagnent le Port des Minimes à La Rochelle (17) à l'issue des neuf secteurs chronométrés. Le rendez-vous est désormais pris pour la Finale 2015, qui se déroulera au sein du Comité Nord-Picardie, et plus précisément dans la périphérie de Boulogne-sur-Mer (62).

Prochain Rendez-vous : Le Rallye National des Côtes du Tarn (81).

Texte et photos : PQ47