Rallye National du Pays Basque 2014
DUPOUY dompte les montagnes
C'est avec une équipe remaniée aux commandes que le Rallye du Pays Basque soufflait ses 23 bougies. A cette occasion, un nouveau format a été dessiné sur une seule journée afin de rendre la course plus dynamique et de réduire les coûts organisationnels. Hélas, depuis trois années, l'épreuve basque n'est plus autant plébiscitée que par le passé. Si l'Ecurie Hasparren-Pays Basque a reçu le renfort de neuf équipages espagnols, qui avait quasiment déserté la manifestation depuis 2009, et des concurrents du Rallye VHC (Véhicules Historiques de Compétition) et VHRS (Véhicules Historiques de Régularité Sportive), le Rallye moderne peine à réunir plus de 57 suffrages. Les fidèles sont toutefois toujours au rendez-vous. Quelques revenants sont également de la fête, à l'image de Bruno Longépé (Peugeot 207 S2000), venu marquer les ultimes points décisifs pour décrocher son billet à la Finale de la Coupe de France des Rallyes 2014 à La Rochelle, du 16 au 18 Octobre prochains. Le pilote de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (44) n'a pas fait le déplacement pour faire de la dentelle, et manifeste ses ambitions dès l'ES 1 d'Hélette (5.3 kms), talonné à 1s3 par l'autre Peugeot 207 S2000 du Breton André Jézéquel. Ce dernier riposte dans « Orègue » (13.6 kms), avant que son camarade de jeu récidive sur les toboggans de la redoutée « Pascoenea » (9.8 kms). Mais dans l'ombre des Lionnes, s'en cache une troisième, plus ancienne mais tout aussi redoutable, la Peugeot 306 S16 (F2-14) du Girondin Yohan Dupouy. Pour un micron, il parvient même à s'intercaler entre les deux 207. N'affichant un déficit que de 4s sur l'équipage de tête, le local Christophe Duigou et sa verdoyante Mitsubishi Lancer Evo 9 (A8) achève la composition d'un quatuor détonnant regroupé dans un mouchoir de poche, au sein duquel les attaques promettent de fuser de toutes parts lors du plat de résistance de l'après-midi.
Or, loin d'être un scénario redondant, la course basque est pimentée d'une série de rebondissements maintenant un suspense entier. A la reprise, dans « Pascoenea », Duigou crève, et concède de précieuses minutes, hypothéquant tout espoir de podium. Longépé poursuit sur un rythme effréné, mais Jézéquel et Dupouy lui colle toujours aux basques. Dans le carré d'as, Cédric Orillac (Citroën Saxo Kit Car, A6K) s'affranchit peu à peu des griffes de la BMW Série 1 de Reynald Moinet. Mais Hélette 2 redistribue les cartes : Jézéquel crève et cède le dauphinat au tenace Dupouy, et Moinet disparaît des écrans radars (mécanique) à son issue. Elle sonne également le glas de Duigou, qui, victime d'un cardan, rend les armes. Au terme de la deuxième boucle, Longépé tient la corde, mais avec seulement 17s7 d'avantage sur Dupouy, il a pleinement conscience que la moindre erreur sera rédhibitoire. L'ES 9 sera effectivement fatale à son état de grâce : une crevaison et une perte de 5 min inhérente au changement de roue le plonge dans les profondeurs abyssales du classement. Concentré, Dupouy ne change pas de braquet, et continue d'enfiler les scratchs comme des perles, afin de voir s'éloigner la menace Jézéquel. Après un ultime coup de forcing dans la boucle nocturne, il peut savourer sa première victoire sur une épreuve nationale. Si ses poursuivants, André Jézéquel et Gwenaëlle Le Roy, ont joué de malchance, ils ne déméritent pas pour autant. Auteur d'une régularité millimétrée, Yannick Lacouture (BMW 318 Compact) retrouve le sourire en montant sur le podium, après une année de disette. Orillac n'a pu faire face au retour de la BMW pourpre et or, mais signe tout de même une belle performance, en surclassant la BMW 318 Compact du Tarnais Sylvain Toutouyoutte. Dommage en revanche pour Laurent Lembèye (Renault Clio Williams, FA7K) auteur de chronos hallucinants avant que des coupures moteur aient raison de son opiniâtreté. Pour son seul Rallye asphalte de l'année, François Hirigoyen démontre qu'il conserve un coup de volant intact, en s'immisçant aux portes du Top 5 avec une modeste Renault Clio RS Gr.N. Il damne le pion à son compatriote Jérôme Dantiacq, aux commandes d'une Citroën Saxo VTS diaboliquement efficace, qui fait la nique à la Peugeot 106 S16 de l'acrobate Guillaume Roget, 8e. Malgré ses déboires, Longépé conserve une place dans le Top 10, précédant de peu Nicolas Radet, qui découvre sa nouvelle Citroën C2 R2 Max ex-Favreau.

Groupe A: Les S2000 aux manettes

Au regard de la liste des partants, la domination des S2000 est prémonitoire, étant donné que leurs adversaires, disposant de monture moins performantes, ne peuvent lutter à armes égales. A l'image de Dantiacq, qui arrache le bronze à Roget, ils se sont néanmoins mis en valeur sur un parcours technique convenant aux petites cylindrées. Tous deux constituent également les principaux animateurs de la Classe A6. Duigou out en A8, l'Espagnol Xavier Domenech et sa superbe BMW M3 monopolise les débats. La A7 donnait lieu à un duel titanesque, au cours duquel Mattin Etchart (Renault Clio 16S), sur ses terres, tirait peu à peu les marrons du feu, avant qu'une tête de cardan (ES 7) en décide autrement. Julien Fourcade (Renault Clio RS) voit donc une voie royale s'ouvrir devant lui. Pour les premiers tours de roues de sa nouvelle Peugeot 106 XSI, Yohan Dupouy rafle la mise en A5, tandis que la A5K tombe dans l'escarcelle des frères Favre (Peugeot 106 Kit Car).
Groupe N: HIRIGOYEN sans contestation

Avec panache, Hirigoyen souffle sur les braises du Groupe N (et de la Classe N3), ne laissant que des miettes à Paul Lamouret (N4), venu pour emmagasiner de l'expérience avec sa nouvelle Mitsubishi Lancer Evo 7 qu'il découvre. Sébastien Bourhis (Mitsubishi Lancer Evo 9) ayant abdiqué, Xavier Devecchi (Renault Clio Ragnotti) récolte le fruit d'un parcours sans faute. Grégory Denié (Renault Clio Ragnotti) constituait un sérieux rival, avant qu'il ne jette l'éponge.
En N2, Sébastien Larçabal (Peugeot 106 S16) ayant rendu son carnet de bord au bout de quelques mètres de l'ES 1, Pierrick Rigal (Peugeot 106 S16) ne cesse de repousser les assauts de l'Espagnol Gorka Oteitza Razkin (Citroën Saxo VTS) avant que ce dernier rejoigne la liste des abandons.

Groupe F2000: DUPOUY au firmament

Les superlatifs manquent pour qualifier le coup de filet de Yohan Dupouy sur un Rallye qu'il affectionne et qu'il rêvait d'accrocher à son palmarès. Les places d'honneurs se sont résumées à des échauffourées de Bavaroises, dont Lacouture sort vainqueur sur Toutouyoutte.
Thibault Mulon (Peugeot 206 S16) pointant aux abonnés absents suite à une casse cardan, Alexis Grenier (Citroën Saxo VTS) s'offre l'opportunité en F2-13, validant au passage sa qualification à la Finale. Avec Ludovic Bouchard (Honda Civic VTI), ils sont les seuls rescapés de leur catégorie, Christophe Alary (Citroën Saxo VTS) ayant rencontré une clôture dans l'ES 3.
Dès les premiers hectomètres, Stéphane Mulon (Peugeot 206 S16) prend la mesure de la Talbot Samba Rallye de Christophe Gallitto en F2-12.
Mission accomplie pour Thierry Zanetti (Peugeot 106 Rallye) dans la petite cylindrée, où il capitalise le plein de points.
Groupe R: Bon départ pour RADET

Aux commandes de sa nouvelle monture, Nicolas Radet tue tout suspense dans l'œuf, en reléguant à bonne distance la Citroën DS3 de Terry Folb, lauréat en R1. Esseulé en R3, Yannick Simian hérite naturellement du Graal.

Groupe GT : Dommage pour DELAGE

Alors qu'il mène de main de maitre le Groupe GT, Cédric Delage (Opel Speedster), reparti après un arrêt de course d'une dizaine de minutes pour faire déplacer des spectateurs récalcitrants dans l'ES7, se fait piéger sur un freinage par ses pneus froids, et la mort dans l'âme, renonce. Jean-Paul Terral (Porsche Cayman) honore ainsi comme il se doit sa 23e participation sur… 23 éditions.


Les coups de théâtre sont également légions en VHC. Franck Morel (Porsche 911 SC) handicapé par une mécanique capricieuse et Jean-Pierre Levasseur (Porsche 911 GR4) parti à la faute, Jean-Luc Rançon (Ford Escort RS 2000) se voit propulsé sur les devants de la scène après la première boucle. Mais lui aussi visite les pâturages, pendant que Morel reprend du poil de la bête, et honore son statut de favori. Laurent Abadie (Porsche 911) ne peut que s'incliner. Lui-même précède la Talbot Sunbeam de Philippe Ancelin.

Prochain Rendez-vous : le Rallye du Pays de Saint-Yrieix (87), les 13 et 14 Septembre.

Texte et photos : PQ47