Rallye CDF Aveyron-Rouergue-Midi Pyrénées 2014
Le pari réussi d'Olivier MARTY
Traditionnellement, le Rouergue, désormais rebaptisé « l'Aveyron-Rouergue-Midi Pyrénées » marque un tournant dans le Championnat de France des Rallyes. La 5e manche de la compétition nationale ouvre en effet la seconde moitié de la saison pour ses animateurs. Conformément aux exigences fédérales, l'étape aveyronnaise a réduit son format sur deux jours de course : le vendredi et le samedi. Un choix qui ne convainc pas réellement l'organisateur de l'épreuve, Daniel Wachoru : « on pensait que sur deux jours, nous allions faire des économies par rapport à un format sur trois jours, or ce n'est pas du tout évident. Il n'est donc pas impossible qu'à l'avenir le rallye ne revienne sur trois jours ». Côté course, le coefficient un dont a été affectée l'épreuve midi-pyrénéenne du Championnat a laissé planer les pires craintes concernant l'aspect quantitatif et qualitatif du plateau : « dix jours avant la clôture des engagements, seules 40 demandes nous étaient parvenues, j'ai pensé que l'on courait à la catastrophe » relate Daniel Wachoru. Au final, 123 équipages s'élancent de l'Avenue Victor Hugo de Rodez. Si Jean-Marie Cuoq, le vainqueur de l'édition 2013, est absent ; l'Ardéchois préférant se consacrer à la terre ; quelques surprises viennent embellir le plateau. Actuel leader du Championnat, Julien Maurin (Team 2B Yacco) sait qu'il ne jouera pas la victoire lors de ce week-end aveyronnais, mais étrenne une redoutable Ford Fiesta R5, en vue d'emmagasiner de l'expérience pour les prochaines échéances du Championnat du Monde. En revanche le local Jean-Michel Da Cunha (Team PH Sport) et le Vosgien Quentin Gilbert (Team PH Sport), tous deux sur Citroën DS3 WRC ont les dents longues et l'appétit féroce pour cette 41e édition. Il en va de même pour Olivier Marty. Auteur d'un coup d'éclat au « Lyon-Charbonnières-Rhône », le Rhôdanien d'adoption mais Aveyronnais d'origine dispose d'une redoutable Ford Focus WRC. Sans oublier Pierre Roché (Mini John Cooper Works WRC - Team FJ Elf), vainqueur en 2011, et la meute de S2000, capable de jouer les trouble-fêtes.
Vendredi matin, le coup d'envoi est lancé pour deux boucles de 2 ES : « Laissac-Séverac l'Eglise » (12.85 kms) identique à 2013 excepté une portion rallongée au départ, et le retour de la redoutée ES de « Campouriez-Le Nayrac », dans sa version longue de 35.45 kms et notamment de la fameuse bosse de Crussac. Autre nouveauté : le temps, habituellement caniculaire, qui s'est transformé en climat automnal. Au terme de la première boucle, Olivier Marty annonce fermement la couleur, en collant d'emblée 16s9 à la DS3 WRC du local Da Cunha. Gilbert pointe à 30s4, Maurin à 38s2. La deuxième boucle ne renverse pas la vapeur et les positions demeurent figées. Le lendemain, « Tremouilles-Salmiech-Comps » (15.9 kms), « Cassagnes-Taurines » (14.2 kms) et « Luc-Moyrazès » (31.5 kms) s'offrent aux 108 rescapés. Marty poursuit sur un rythme effréné, si bien qu'au terme de l'ES 8, il cumule à plus d'1min12s. Après avoir progressé tout au long du Rallye, Gilbert s'octroie les deux derniers scratchs et arrache ainsi le dauphinat à Da Cunha. Attelé dès l'entame des hostilités au carré d'as, Maurin a résisté fermement aux piques du Libanais Roger Feghali (Peugeot 207 S2000), qui s'adjuge les lauriers en Trophée Michelin. Le duel des Porschistes séparant Patrick Rouillard (Team 2HP Compétition) et Gilles Nantet (Team 2B Yacco), tous deux sur Porsche 997 GT3 Cup, tourne à l'avantage du Toulousain, 6e scratch et quasiment impérial par rapport au Savoyard. Entre eux s'intercale la Mini WRC du Blésois Pierre Roché. Quant à Frédéric Raynal, il signe un nouvel exploit à Rodez en se hissant au neuvième rang de la hiérarchie, avec une auto de vingt ans d'âge, la mythique Ford Escort Cosworth. Réglée comme une horloge et vaillamment emmenée par l'excellent pilotage du Lodévois, l'Américaine damne le pion à la Teutonne du local Germain Bonnefis, disposant pour son épreuve fétiche de la Porsche 996 GT3 RS du pistard Romain Dumas.

Groupe A: La chasse-gardée des WRC

Avec les 3 WRC dominatrices aux avant-postes, les S2000 ont dû se résigner au statut de satellite. Néanmoins, Feghali a marqué de son empreinte le Trophée Michelin, en dominant les Porsche de Rouillard et Nantet. Le Libanais met également dans sa breloque la Classe A7S, où Frank Lions (Peugeot 207 S2000) a coupé en retraite suite à une sérieuse touchette, et où Pierre Ragues (Skoda Fabia S2000) a découvert un profil inédit pour lui. Suite aux déboires de Lions, Fabrice Bect (Peugeot 207 S2000 - Team FJ Elf) complète le podium. Seul en A8, Raynal détonne au classement général, à l'image de Guillaume Sirot (Team Revo6-Digiservices) en A7, malchanceux le premier jour mais reparti en SuperRallye le lendemain. Après s'être invité à la 12e place de l'ES 5 avec une antique Peugeot 309 GTI 16S, l'Auvergnat renonce suite à un cardan défectueux. Peu inquiété, Florent Sabatier (Renault Clio Williams) domine de la tête et des épaules, ne laissant que des miettes à Fabien Lacalmontie (Peugeot 206 RC) et Jacky Montgarny (Renault Clio 3 RS), après le retrait d'Endrick Hay (Peugeot 206 RC) et Jonathan Bouteille (Peugeot 206 RC).
Suite à une crevaison dans l'ES 3, Matthieu Delpoux cède le leadership de la A6K à Julien Majorel (Peugeot 206 XS). Mais l'Aveyronnais rend les armes à quelques kilomètres de l'arrivée, offrant la victoire sur un plateau au pilote de la Citroën Saxo S1600. Parti à la faute puis trahi par la mécanique, Mathieu Gombert (Citroën Saxo VTS) abdique ; Cédric Ségur (Peugeot 206 XS) récoltant le fruit d'un parcours sans accroc en A6.
Groupe R: MAURIN en essai grandeur nature

Venu à Rodez avec comme seul objectif de s'acclimater au comportement de la Fiesta R5 en vue du Mondial, tout en essayant d'accroitre son excédent au Championnat de France, Julien Maurin parvient à ses fins, malgré une alerte lors d'une excursion champêtre. Aux commandes d'une auto similaire, Jean-Charles Beaubelique (Team MSR) n'a jamais été en mesure de rivaliser avec le premier cité.
En R4, Peu épargné par la mécanique, Julien Marty parvient tout de même à rejoindre le pied de la cathédrale ruthénoise à une honorable 24e place scratch.
En R3, le match des Clio s'est clôturé en faveur des époux Pelamourgues, indétrônable à domicile. Pierre-Adrien Ferry (Renault Clio R3) prend l'ascendant sur Grégory Fontalba pour le gain de la médaille d'argent.
En R2, la bataille pour l'Opel Adam Cup a sans nul doute constituée l'attraction du week-end, tant l'attaque flamboyante déployée par ses protagonistes a enchanté le public. Hors Coupe puisque pilote officiel de la marque allemande, Yoann Bonato n'a pas pour autant fait de la figuration, mais a, au contraire, contrecarrer les ambitions des R3 pour le gain du podium en Groupe R, et d'une pierre deux coups, de la R2, devançant allègrement la Citroën C2 R2 Max de Jacques Bourrat. En Opel Adam Cup, la victoire tendait les bras à Rémi Jouines. C'était sans compter sur une averse impromptue au départ de l'ES 10, qui incitait le Languedocien à assurer son statut. Adepte de la stratégie contraire, Jean-René Perry faisait littéralement voler son Adam dans les derniers kilomètres, volant la vedette au premier cité. Le Vosgien étend ainsi ses marges de manœuvre pour la suite du Championnat, en figurant provisoirement en tête de l'Opel Adam Cup. 3e, Pierre Marché a contenu les assauts de Florian Bernardi, auteur d'une belle frayeur sur la bosse de Crussac.
Symétrique au Championnat de France des Rallyes Junior, la R1 livrait son lot de rebondissements. Laurent Laskowski (Citroën DS3 R1) lançait les débats, avant de partir en tête-à-queue dans l'ES 3, laissant filer le lauréat Rallye-Jeunes 2013, Yohan Rossel (Citroën DS3 R1). Peu résigné, Laskowski transcendait son rival le lendemain dans la première ES matinale. Aligné sur un rythme effréné, ce dernier parfait néanmoins à la faute dans « Luc-Moyrazès » 1, permettant à Yohan Rossel de souffler sur les braises avec brio. Romain Di Fante (Citroën DS3 R1) également out, les places d'honneurs faisait l'objet d' âpres échauffourées, au court de laquelle Damien Defert (Citroën DS3 R1) s'affirmait en patron, taclant Laurent Pellier, revenu du diable-vauvert après une sortie la veille.

Groupe F2000: SICHI sans erreur

Dès le vendredi, les carottes sont cuites pour Philippe Jean (BMW 318 TI Compact). Le premier passage dans l'ES de « Luc-Moyrazès » le lendemain sera également fatal à la mécanique de la BMW 318 Compact de Jean-Laurent Chivaydel, jusque là installé dans une spirale bénéfique. Les frères Christophe et Jérôme Sichi (Peugeot 206 Maxi) tirent donc les marrons du feu ; Alexis Sirmain (Citroën Saxo VTS) ne pouvant lutter à armes égales à la régulière. Quant à François Guedj (Peugeot 206 S16), il décroche un podium inespéré.
En F2000/13, Sirmain a fait étalage de sa parfaite maitrise et de sa pleine dextérité. Adrien Marragou et Ludovic Tavier, tous deux sur Peugeot 106 S16, n'ont pu qu'acquiescer. Loïc Reginato tirait toute la quintessence de sa Peugeot 205 Rallye en F2000/12, bien que malmené par Alexandre Bessière (Peugeot 106 XSI). Esseulé mais au bout de cette rude épreuve : l'objectif est atteint pour Vincent Soubiroux (Renault Clio 2 16V) dans la petite cylindrée.
Groupe N: GUIGOU de bout en bout

Faisant office de maître-étalon en Groupe N, Emmanuel Guigou (Renault Mégane RS) n'a pas dérogé à la règle. Auteur du grand schelem, le Vauclusien n'a laissé le soin à personne de contester son hégémonie. Parvenant à creuser un écart substantiel sur Fabrice Morel (Mitsubishi Lancer Evo 9), Jean-Nicolas Hot (Subaru Impreza WRX STI) héritait des accessits. Son adversaire out dans l'ultime ES, de même que Romain Martel (Subaru Impreza N12 B - Team MSR) précédemment, c'est finalement Alexandre Brossy (Renault Clio Ragnotti) qui se frottait aux puissantes N4 sur le podium, plaçant du même coup dans son escarcelle la N3.
Si le combat fratricide a fait rage en N2 entre les Peugeot 106 S16 de Joël Do Rego et Jérémy Prat, il laisse un goût d'inachevé avec le retrait prématuré de Yohan Saillat (Peugeot 106 S16) qui avait également une carte à jouer sur ses terres. Au terme de la première étape, le Cantalou Prat affichait plus de 15s d'excédent sur Do Rego. Mais ce dernier passait à l'offensive le lendemain, revenant dangereusement dans les pares-chocs de la Lionne blanche. Tant bien que mal, le premier cité résistait, mais craquait dans la dernière où le second lui soufflait les lauriers pour deux dixièmes. Tous deux sont d'ailleurs les seuls rescapés de leur catégorie, puisque Jérémy Bibal (Citroën Saxo VTS) et Luc Burguière (Peugeot 106 S16) ont abdiqué au même endroit, dans le village de Moyrazès, suite à un cardan épris de liberté.
Dans la classe « biberon », Mathieu Litre (Peugeot 106 Rallye) a parfaitement maitrisé son sujet, face à Yvan Vergnes (Peugeot 106 XSI) et Kévin Courrège (Peugeot 106 XSI).

Groupe GT : Le one-man-show de BONNEFIS

Désireux d'être au départ de son épreuve, dans son jardin, le Baraquevillois, suite à un partenariat avec Romain Dumas, s'est vu confier le volant de sa Porsche 996 GT3 RS, avec laquelle il a tué tout suspense dans l'œuf en GT de Série.

Groupe GT+: ROUILLARD en vieux briscard

Gilles Nantet savait la partie délicate face à son homologue Rouillard, presque à domicile au Rouergue. En effet, le Toulousain a pris d'entrée de jeu la poudre d'escampette, sans être rejoint par le premier cité.

Sans surprise, Maurin s'affiche désormais comme un solide prétendant au titre 2014 à l'issue de l'Aveyron-Rouergue-Midi Pyrénées en Championnat de France Pilotes. En Championnat de France Junior, Yohan Rossel continue de marquer les esprits. Charlotte Berton (Opel Adam Cup) prend également une sérieuse option pour le titre féminin, bien que Charlotte Dalmasso (Peugeot 208 R2), victime d'une sortie de route sans gravité le vendredi, lui emboite le pas. Au niveau du Championnat de France Team, le Team 2B Yacco, avec les excellents résultats de Maurin et Nantet, est sur un piédestal. Si la manche aveyronnaise met à l'honneur le Libanais Feghali dans le Trophée Michelin, c'est cependant Nantet qui est au firmament au classement général.

Prochain Rendez-vous : en Championnat de France des Rallyes, le Rallye Mont-Blanc-Morzine, du 5 au 7 Septembre, et en Coupe de France, les 17-18 Juillet, pour le Rallye National du Saintonge (17).

Texte et photos : PQ47