Rallye National du Pays Basque 2012
Gilles NANTET conquiert le Pays Basque
Un vent nouveau soufflait sur l'écurie automobile Hasparren-Pays Basque, puisque c'est désormais le dynamique Thomas Taillandier qui a repris les rênes du Comité d'organisation de l'une des épreuves phares du quart Sud-Ouest de l'Hexagone, en l'occurrence le Rallye du Pays Basque ; succédant ainsi à Alain Baluto. Une nouveauté n'arrivant jamais seule, cette 21e édition a fait peau neuve, avec l'apparition d'une nouvelle spéciale, « Helette-Iholdy (11,7 kms), rassemblant toutes les difficultés que l'on peut trouver au pays des Pottoks, et une version modifiée de la mythique ES de « Pascoenea » (9,7 kms) venu pimenter le parcours, la rendant encore plus technique et piégeuse. Du côté du timing, la formule samedi-dimanche a été remise au goût du jour, de même que le centre névralgique autour d'Hasparren, où désormais les vérifications administratives et techniques ainsi que le parc de départ étaient concentrés.
Si l'on ajoute à cela l'accueil chaleureux que savent réserver les Basques à leurs hôtes, les 75 équipages présents avaient de quoi passer un excellent week-end aux contreforts des Pyrénées, dans des paysages à en couper le souffle, et à deux pas du littoral atlantique.
Du côté sportif, une liste alléchante offrant un plateau d'une qualité rare laissait entrevoir des combats rudes et haletants tout au long des deux journées. Après s'être incliné pour un cheveu en 2009 face à Antony Mora et avoir subi une sévère déconvenue en 2010 lors de la Finale, Gilles Nantet (Porsche 997 GT Cup) n'était pas de retour en terres basques pour enfiler des perles. Il avait bien l'intention d'accrocher ce 21e millésime à son riche palmarès, mais la partie s'annonçait musclé avec la présence du même Antony Mora, multiple vainqueur aux commandes de sa BMW 318 TI Compact parée de sa robe Hankook, voire Yannick Lacouture (BMW 318 Compact), toujours très rapide sur ces routes tortueuses, ou encore le local Christophe Duigou et le Nantais Damien Delanoue, qui ont déjà fait leurs preuves sur des Mitsubishi Lancer Evo 8 et 9 Gr. A.
Si la matinée consacrée aux vérifications administratives et techniques est marquée par la pluie, celle-ci cesse peu avant l'entame des hostilités, et c'est sur des routes grasses et humides, notamment dans les nombreux sous-bois, que les concurrents s'élancent. A ce petit jeu, Mora fait parler l'expérience du terrain en collant 3s9 à un impressionnant Christophe Duigou, qui, pour son retour après quasiment un an d'absence, frappe fort d'entrée. Gilles Nantet, en délicatesse avec sa puissante Porsche, concède 11s5, tandis qu'Olivier Ortholan (Mitsubishi Lancer Evo 8) se montre tout à son aise sur un tracé que, lui aussi, connaît bien, en se positionnant au sein du Carré d'As à 16s.
La plus longue, et plus rapide ES d'Ayherre-Pessarou (17,2 kms) est plus favorable à l'animateur du Championnat de France qui reprend d'un coup 8s7 sur la Bavaroise sarladaise. Menacé par Damien Delanoue, 4e chrono, Christophe Duigou ne cède pas pour autant à la pression et confirme sa place sur le podium provisoire. A l'image de la première boucle, Mora reprend du poil de la bête dans Pascoenea 2, mais Nantet rétorque dans Ayherre-Pessarou, et parvient à s'octroyer le leadership pour 3s6. A 21s1, Duigou ne peut suivre le rythme effréné des deux Allemandes, mais réalise un chrono encourageant, à 0s4 de Mora dans le passage nocturne de Pascoenea, qui en dit long sur son formidable potentiel. Un chrono qui sera d'ailleurs neutralisé suite à la sortie de route sans gravité de Romuald Lezeau (Renault Clio R3).
Le lendemain, le soleil pointe le bout de son nez, et dans ces conditions optimales, Gilles Nantet déroule, repoussant Antony Mora à 13s7 après le premier passage dans Hélette-Iholdy et Ayerre-Pessarou. Conscient de l'avance confortable dont il dispose, et malgré une direction assistée donnant des signes de fatigue, Gilles Nantet poursuit sur sa lancée, et rafle les trois chronos restant, pour, au final, l'emporter avec 27s2 d'excédent ; une bonne séance de préparation avant la prochaine échéance du Mont-Blanc.
Antony Mora a également donné le meilleur de lui-même, poussant sa BMW dans ses derniers retranchements, mais il ne pouvait difficilement espérer mieux face à la puissance de la Porsche aux couleurs Yacco. Christophe Duigou est honoré d'une prestation remarquable par un podium à domicile. L'abandon de Damien Delanoue, jusqu'à alors solidement accroché à la 4e place, a fait les affaires de Yannick Lacouture, qui damne le pion à la Ford Escort Cosworth de Pierre Lerosier, 5e. Il précède la Japonaise d'Olivier Ortholan, qui a lui-même dû composer avec un Cédric Orillac déchainé, ayant littéralement fait voler sa Citroën Saxo Kit-Car sur les nombreux ciels et autres bosses basques, pour atterrir au 7e rang final, ayant, au passage, fait preuve d'une grande adresse pour venir à bout de Stéphane Derory, 8e au volant de sa Subaru Impreza WRX STI (N4). La jeune révélation de 2012, Romain Martel (Renault Clio S1600) , s'est également distingué en accaparant la 9e position, juste devant Mathias De Sousa (Renault Clio R3), qui referme le cercle restreint du Top Dix.

Groupe A: DUIGOU à domicile

Une motivation supplémentaire pour le pilote de Labastide-Clairence qui avait à cœur de s'illustrer dans son jardin. L'objectif est rempli, puisque non content de dominer de la tête et des épaules le Groupe A, il figure parmi le tiercé gagnant du classement scratch ! Egalement sur Mitsubishi, Damien Delanoue, fidèle du Pays Basque, était bien parti pour défendre sa médaille d'argent, mais la mécanique en a décidé autrement lors de l'étape dominicale. C'est donc la Ford Escort Cosworth de Pierre Lerosier et la Saxo Kit-Car du virevoltant Orillac qui glanent les places d'honneurs.
Duigou et Lerosier sont d'ailleurs les seuls rescapés d'une Classe A8 qui a vu, tour à tour, Damien Delanoue et Paul Gauthier (Toyota Célica GT Four) rendre les armes, à l'image de Jérôme Berfa (Renault Mégane Kit-Car), seul représentant en A7K.
En A7, un duel fratricide commençait à s'opérer entre les enfants du pays Damien Larrondo (Renault Mégane Coupé) et Bernard Lahirigoyen (Renault Clio Williams), vitre tronqué par le retrait du premier cité suite aux caprices de la mécanique. Sur un parcours qu'il connaît sur le bout des doigts puisqu'habitant Hasparren, Bernard Lahirigoyen a exprimé tout son talent, malgré une touchette le dimanche. Mattin Etchart (Renault Clio Williams), également local de l'épreuve (la spéciale de Pascoenea passant devant sa porte), se plaçait en embuscade, avant de devoir lui aussi rejoindre la liste des abandons prématurément. C'est donc Jacques Maraval (Peugeot 206 RC) qui rafle la seconde marche du podium, face à Patrick Auge, sur une Peugeot 306 S16 refaite suite à sa sortie du Chasselas.
S'il y a bien une catégorie qui s'annonçait chaude au vue des bagarres à couteaux tirés qu'elle allait délivrer, c'est bien la A6K. Avec trois solides prétendants, soit Cédric Orillac, Romain Martel et Paul Paillé (Fiat Punto Kit Car), difficile d'obtenir le tiercé gagnant dans l'ordre à l'issue des 133 kilomètres chronométrés. Si Martel parvenait à tenir la représentante de la marque aux chevrons en respect lors de la première journée, Orillac, au gré d'une belle attaque, venait contrecarrer les ambitions du Normand le lendemain. Paul Paillé, en manque de roulage, n'a pu rivaliser pleinement avec les deux jeunes loups aux dents longues.
En A6, Christian Descamps (Citroën Saxo VTS) s'est rapidement emparé de la pôle position pour ne plus la quitter, ne laissant que des miettes à Nicolas Chambon et l'Espagnol Alberto Cadela Carrera, également sur Saxo VTS.
Dans une classe A5K inhabituellement fournie, Jacques Bernardi (Peugeot 106 Rallye) prenait rapidement le large sans être rejoint par son dauphin, Jérôme Favre (Peugeot 106 XSI). La A5 tombe dans l'escarcelle de Yannick Dupouy (Peugeot 106 XSI), après avoir creusé un écart substantiel sur le Lotois Franck Loriller (Peugeot 106 XSI).
Groupe N: Olivier ORTHOLAN impérial

Olivier Ortholan retrouvait un adversaire de taille en Groupe N en la personne du Rhônalpin Stéphane Derory, qui a eu l'occasion de dénombrer à de multiples reprises sa pointe de vitesse. Ortholan tirait toute la quintessence de sa Mitsubishi le samedi, et poursuivait sur sa lancée le dimanche, bien que voyant Derory, qui alignait les scratchs, revenir à grand pas dans ses rétroviseurs. Au final, Ortholan parvenait tout de même à garder le cap. Les abandons successifs en N3 ont fait le bonheur du Gapençais Mathieu Bosse (Peugeot 106 S16, N2), venu récolter des points en vue de décrocher son billet pour sa Finale à domicile. Pari réussi, puisqu'il repart avec 72 unités supplémentaires.
En N4, le classement se réfère à celui du Groupe. En revanche, pour la médaille de bronze, Jean-Paul Terral (Mitsubishi Lancer Evo 6) a résisté aux assauts de Pierre Mainvielle (Mitsubishi Lancer Evo 8), satisfait de revoir une ligne d'arrivée.
Que de péripéties en N3, où les principaux ténors sont tous allés au tapis. Si Eric Sauteur (Renault Clio RS) tirait le premier, il concédait de précieuses secondes dans l'ES 2, laissant Pierre Tournié (Renault Clio Ragnotti) et Antoine Hommeau (Renault Clio Ragnotti) se toiser pour atteindre sommet de la hiérarchie. Une situation qui profitait à Tournié, qui, avec un pécule de 5s5 sur Hommeau, démarrait en tête la seconde journée. Mais le Béarnais repartait sur le front, faisant jeu égal avec les 4 Roues Motrices dans les deux premiers passages, et coiffait sur le fil le Bazeillais. Malheureusement, alors qu'ils étaient engagé dans un duel de toute beauté, les jeux s'arrêtaient là, le premier quittait la scène suite à la casse d'un cardan, et le second perdait de précieuses minutes suite à des ennuis mécaniques. Un scénario dont le nouveau héros se dénommait Sauteur, avant que lui aussi soit contraint de jeter l'éponge. Face à cette série rocambolesque, Xavier Devecchi (Renault Clio Ragnotti), auteur d'un superbe 21e temps dans l'ultime ES d'Ayerre-Pessarou, décrochait le Graal. Tournié, reparti à l'attaque pour sauver les meubles, sortait pour le compte dans ce même secteur chronométré, laissant filer Alexis Bariteau (Renault Clio Ragnotti) pour le gain des accessits. Cédric Chabert (Renault Clio Williams) complète le trio de tête.
Moisson victorieuse pour Mathieu Bosse en N2, impressionnant d'agilité et de dextérité sur les routes basques qu'il découvrait. Couplant spectacle et sens de l'attaque, il décroche sans aucun doute la palme à l'applaudimètre, et se voit couronnée d'une performance de premier ordre en plaçant une petite auto au milieu d'une meute de bolides bien plus affutés. Chapeau !
Le seul capable de contester sa suprématie, Damien De Wilde (Peugeot 106 S16), a rendu son carnet de bord trop tôt, c'est donc Gorka Oteiza Razkin (Citroën Saxo VTS) qui s'affiche en seconde position.
Esseulé en N1, Thibault Mulon (Peugeot 106 XSI) s'est contenté de rallier l'arrivée finale en 44e position.

Groupe F2000: Les BMW à la fête

Si on ne voit pas bien qui était en mesure de déloger Antony Mora du trône en F2000, les pronostiques étaient en revanche difficiles à établir concernant les places vacantes du podium. Alors que Yannick Lacouture et Yohan Dupouy (Peugeot 306 S16) entamait un bras de fer virulent, seuls 2 secondes les séparant dans l'ES 1, le retrait de la Lionne laissaient vains de possibles affrontements de toute beauté. Très attendu, Lionel Jacob (Peugeot 206 S16) se faisait piéger au bout de quelques kilomètres, hypothéquant ainsi tout espoir de Finale. Même punition pour Romain Favreau (Citroën Saxo VTS), parti sur un rythme élevé, qui sortait dans l'ES 4. Reynald Moinet (BMW 120 I) et Yves Arnaudeau (Mercedes C 180) pas dans le coup, il suffisait à Lacouture de rentrer à bon port, de surcroit avec de très bons chronos à son actif. Moinet complète le podium de Groupe, et de Classe F214.
Le favori Favreau sur la touche, François Hirigoyen concluait les premiers tours de roues de sa Peugeot 106 16S ex-Roudaut par un succès de classe F2-13, devant Jérôme Dantiacq (Peugeot 206 XS) et Jérémie Martinez (Peugeot 205 GTI).
Didier Helwin (Renault Clio 2) décroche la timbale en F2-12, Thierry Autonès (Peugeot 205 Rallye) n'ayant pu défendre ses chances suite à un abandon mécanique dès l'entame du Rallye.
Groupe GT+: NANTET persiste et signe

Le célèbre adage « Jamais 2 sans 3 » ne s'est pas vérifié cette fois-ci pour Gilles Nantet, qui, après deux tentatives peu concluantes, triomphe au bout de la troisième. Il décroche naturellement les lauriers en GT+.


Groupe GT de Série: Didier BERNARD invincible

Sur sa Lotus Exige qu'il maitrise parfaitement à présent, Didier Bernard a de nouveau fait étalage de son talent ce week-end. François-Xavier Boissou (Nissan 350 Z) n'a pas été en mesure de bouleverser la donne.


Groupe R: Mathias DE SOUSA se distingue

Auréolé de la victoire en Groupe R face à la valeur sure Pascal Phélippeau (Renault Clio R3), Mathias De Sousa, également sur Clio R3, a toutes les cartes en mains pour briller à Gap, si toutefois il parvient à décrocher son billet lors des ultimes rendez-vous qualificatifs. Sa victoire au Printemps de Bords en mai dernier et ses nombreux coups d'éclat tout au long de la saison en attestent.
Fabien Chazoulières (Citroën C2 R2) s'adjuge la R2, tandis que Nicolas Latil, ayant lui aussi fait le déplacement depuis Gap et ayant loué pour l'occasion une Twingo R1, récolte le fruit d'un parcours sans faute.

En Coupe des Dames, Fabienne Lassalle et Alexandra Meurot (Citroën Saxo VTS) se sont retrouvées sans concurrence ce week-end.
Sur les 75 concurrents admis au départ, 54 ont regagné le parc fermé final basé à Hasparren.
Prochain Rendez-Vous : le Rallye National Cœur de France (37).
Texte et photos : PQ47.