Rallye CDF Aveyron-Rouergue-Midi-Pyrénées 2012

CUOQ, enfin !
5e Manche du Championnat de France des Rallyes 2012, le Rallye de l'Aveyron-Rouergue-Midi Pyrénées sous sa nouvelle appellation, accueillait 117 concurrents au départ à Rodez, vendredi après-midi. Un plateau de marque pour une des manches réputées comme l'une des plus piégeuses, parsemées d'embuches tout au long des 241,94 kms que composent le tracé, au bout duquel l'arrivée est perçue comme une belle récompense de trois jours d'efforts intenses. Les principaux ténors du Championnat sont bel et bien là, prêts à en découdre afin de faire la différence face à leurs rivaux.
Actuellement leader du Championnat hexagonal au décompte des points, mais sans avoir pu récolter de victoires jusqu'à présent dû à des crevaisons, voire une touchette au récent Vins-Mâcon, Jean-Marie Cuoq (Ford Focus WRC) ne cache pas sa ferme ambition de décrocher le titre suprême en terre aveyronnaise, sur un Rallye qui ne lui a pas toujours sourit. Après avoir laissé filer Stéphane Sarrazin (Peugeot 307 WRC) lors de la première étape, l'Ardéchois n'a pas laissé passer sa chance le lendemain, et rafle la couronne, creusant ainsi un peu plus l'écart pour le gain du Championnat.
Le vendredi, les 117 prétendants débutent par un gros morceau de ce cru 2012, en l'occurrence deux boucles de deux spéciales, dont la traditionnelle ES de Campouriez (25.8 kms) et la plus courte mais non moins sélective ES de Sainte-Eulalie (13.77 kms). A ce petit jeu, Stéphane Sarrazin s'octroie 1s8 d'excédent sur son dauphin, Jean-Marie Cuoq, qui exerce une pression constante. A 8s3, Jean-Michel Da Cunha, aux commandes d'une Citroën C4 WRC, ne manque pas son rendez-vous annuel à domicile devant son public. Il se distingue notamment par le scratch dans le passage nocturne de Sainte-Eulalie. En retrait à 45s9 par rapport à la tête de course, Dany Snobeck (Citroën C4 WRC) s'assure une place au sein du Carré d'As, tandis que le toujours aussi talentueux Cédric Robert (Team Saintéloc Racing-Mister Auto) s'affirme en chef de file d'une meute de Peugeot 207 S2000. Julien Maurin (Ford Fiesta WRC), très attendu suite à sa superbe performance des Vins-Mâcon où il termine sur le podium, quitte prématurément les débats suite à des ennuis d'ordre mécanique entre l'ES 2 et l'ES 3. Même punition pour Pierre Roché (Mini JCW WRC), victime d'un cardan, Bryan Bouffier (Peugeot 207 S2000) ou encore Pascal Enjolras (Porsche 997 GT Cup).
Le lendemain, le premier secteur chronométré de Comps la Granville (12.2 kms) voit Cuoq devancer Sarrazin pour seulement un dixième, signe de l'éclatant duel auquel se livre les deux protagonistes. Da Cunha impose également une cadence effrénée, mais ne peut les atteindre. Cuoq enfonce le clou dans « Olemps-Moyrazès-Colombiès », longue de 32.9 kms et considérée comme le juge de paix du Rallye. Il relègue Sarrazin à 6s8 et s'empare ainsi du leadership. La spéciale suivante de La Capelle-Bleys (10.9 kms) ne viendra que confirmer la suprématie naissante de Cuoq, qui dispose désormais d'un avantage de 7s4 sur la Lionne aux couleurs BFO. Il s'adjuge également les trois scratchs de la dernière boucle venant clôturer une journée longue mais déterminante pour le compte du classement général. Si Da Cunha est solidement installé au 3e rang, sans être inquiété, en revanche, au pied du podium, la voie s'éclaircit pour les S2000 de Robert et Freddy Loix, qui voient la Citroën C4 WRC de Dany Snobeck partir en fumée dans Olemps-Moyrazès-Colombiès 2, entraînant la neutralisation de la spéciale.
21s3, tel est l'écart qui sépare Cuoq de Sarrazin, se plaignant de problèmes de freins sur sa 307 WRC, au soir de la deuxième étape. Le trou est en revanche creusé avec Da Cunha, qui, ayant rencontré des problèmes radios, a définitivement perdu contact avec les deux têtes d'affiche.
Au cours de la troisième et ultime étape de ce Rallye Aveyron-Rouergue 2012, Jean-Marie Cuoq sait qu'il doit gérer la victoire qu'il voit se profiler à l'horizon, en gardant un œil cependant sur un Stéphane Sarrazin prêt à saisir le moindre faux pas. En remportant deux scratches, laissant les deux autres à Sarrazin, il conforte sa position dominante. Sur la dernière marche du podium, Jean-Michel Da Cunha a brillé sur ses terres. Cédric Robert et Freddy Loix se sont quant à eux livrés à une bataille acharnée pour la conquête de la 4e place. Un véritable mano-à-mano s'est opéré entre les deux 207 S2000, au coude-à-coude sur chaque secteur chronométré. Pour 2s8, Cédric Robert conserve néanmoins l'avantage pris lors de la première étape. 6e, Lionel Baud (Peugeot 307 WRC - Team BDS Racing- Excoffier) a épisodiquement signé des temps significatifs, à l'image d'un 3e chrono dans Salmiech-Trémouilles 1. Il coiffe sur le fil le Porschiste Gilles Nantet (Porsche 997 GT Cup), lauréat en Trophée Michelin malgré les assauts virils de David Salanon (Peugeot 207 S2000), qui vient mourir à 1s3 de son prédécesseur. Emmanuel Guigou, auteur d'une superbe démonstration au volant de la Renault Mégane RS du Team Chazel-Marc de Passorio, s'illustre en 9e position, face au Corse Jean-Mathieu Léandri, représentant les couleurs du Team Saintéloc Racing-Mister Auto aux commandes d'une Peugeot 207 S2000.

Groupe A: CUOQ renoue avec le succès

Depuis sa victoire en 2001 après la sortie de route de Sébastien Loeb, les prestations de Jean-Marie Cuoq au Rouergue ont souvent été entachées de sorties de route. Onze ans après, il réinscrit son nom au palmarès de l'épreuve, et, de surcroit, coiffe les lauriers en Groupe A, face aux autres WRC de Sarrazin et Da Cunha.
En Classe A7S, un bras de fer sanglant s'est opéré entre Cédric Robert et Freddy Loix, qui a profité au premier cité. En manque de roulage sur la S2000, David Salanon a rapidement été relégué au rang d'observateur et a préféré se concentrer sur la place de dauphin du Trophée Michelin.
Seul représentant en A8, Philippe Pueyo (Toyota Célica GT Four- Team 2HP Compétition-Veloperfo.com) s'est fait piéger dans le premier passage d'Olemps-Moyrazès-Colombiès.
Le Champenois Pascal Choudey (Renault Clio RS) a fait figure d'épouvantail en A7, où il a su rapidement maîtriser les velléités de Fabien Lacalmontie et Sabrina Sanchez, tous deux sur Peugeot 206 RC, à l'image de Clément Majorel (Citroën Saxo Kit Car) au sein de la A6K. Esseulé en A6, Benoit Moisset (Citroën Saxo VTS) a atteint l'objectif initial de rentrer à Rodez au terme du Rallye.
En A5, Frédéric Sannié (Peugeot 106 XSI) a sabré le champagne pour son premier Rouergue terminé sans encombre. Emeline Breuil (Peugeot 106 XSI) n'a pu rivaliser, tandis que Marc Falguière (Peugeot 106 XSI) a rapidement jeté l'éponge sur ennuis mécaniques.
Groupe R: Mathieu ARZENO, le téméraire

Le Provençal et représentant du Team Saintéloc Racing-Mister Auto a fait preuve d'une grande vaillance pour contrer les assauts du véloce Eric Mauffrey, qui a lui-même fait littéralement voler sa Renault Clio R3. Il en conclut à quelques encablures de la représentante de la marque aux chevrons, tandis que l'un des deux animateurs principaux des furieux du Trophée Twingo R2, Romain Salinas, échoit à une superbe troisième place de groupe.
En R3, Grégory Fontalba (Renault Clio) signe une performance honorable derrière les avions Arzeno et Mauffrey.
La lutte en Classe R2 par le biais du Trophée Twingo R2 a atteint son paroxysme entre les jeunes loups aux dents longues que représentent Laurent Clutier et Romain Salinas. Aucun des deux n'a lâché le morceau, et seules 3s4 ont permis de les départager à l'arrivée finale, à l'avantage du second cité, qui a fait la différence dans les plus courtes spéciales. Mieux encore, les deux intrépides ont fait la nique à la Citroën C2 R2 Max de la référence Guillaume Sirot, qui n'a pourtant pas fait de la dentelle sur les routes aveyronnaises. Quant à Nicolas Romiguière (Renault Twingo R2 Evo), pilote officiel Renault Sport, il avait carte blanche pour imposer sa suprématie face aux prétendants de la Coupe de Marque, mais des ennuis personnels l'ont contrait à quitter l'aventure dès le vendredi.
Charles Martin (Renault Twingo RS) a quant à lui pris une sérieuse option en Classe R1, et par la même occasion en Championnat de France des Rallyes Junior. Voyant la menace Florian Bernardi (Renault Twingo RS) se préciser au fil des ES, il a progressivement haussé le rythme, pour, au final, caracoler en tête, dans la lignée de son excellente performance du Région Limousin. Jérémy Beaux (Citroën DS3), lauréat Rallye-Jeunes FFSA, est venu jouer les trouble-fêtes pour le gain de la médaille d'argent, face à une armada de Twingo R1, emmenée par l'acrobate Romain Fostier. Damien Defert (Renault Twingo RS) faisait parti des favoris des pronostics, mais la casse d'un support moteur lors de la première étape l'a empêché de se mêler confortablement à la lutte.

Groupe F2000: Alexis SIRMAIN au grand jour

Grand favori, qui plus est à domicile, Christophe Sichi (Peugeot 206 Maxi) prenait la poudre d'escampette le vendredi, mais la liaison entre l'ES 7 et l'ES 8 sonnait le glas de sa prédominance le lendemain. Le Normand Olivier Bau (Renault Clio 16S) faisait forte impression et était le plus en mesure de prendre le relais, malheureusement il était stoppé dans son élan par une sortie de route. C'est donc le jeune espoir aveyronnais Alexis Sirmain, qui, conciliant fougue et régularité, arrivait en pôle position au soir de la deuxième étape. Il parvenait au final à maintenir une longueur d'avance nécessaire le lendemain face à son plus farouche adversaire, Sylvain Seray (Renault Clio RS). La troisième marche du podium tombe dans l'escarcelle de Vincent Rieu (Peugeot 106 S16).
Sichi et Bau au tapis, il ne restait à Sylvain Seray qu'à dérouler pour rentrer en conquérant de la F2-14, ne laissant que des miettes à ses poursuivants, Laurent Guitard (Renault Clio RS) et Eric Giraud (Volkswagen Golf 3 GTI) ; Maxime Jarlan (Renault Clio RS 2) ayant perdu tout espoir de bien figurer dans une sortie de route sur les spéciales piégeuses de La Capelle-Bleys. Jean-Laurent Chivaydel (BMW 318 Compact) ne parcourait que quelques kilomètres avant de rendre son carnet de bord dès le vendredi, tout comme Philippe Jean qui étrennait sa nouvelle BMW 318 Compact, peu épargné par la mécanique.
Confirmation pour Sirmain en F2-13, qui a fait étalage pour la première fois de son potentiel en Championnat de France. Vincent Rieu s'est également brillamment distingué, contrecarrant les ambitions d'Hervé Grialou (Citroën Saxo VTS).
Groupe GT+: NANTET réalise la bonne opération

Le duel à couteaux tirés tenant en haleine les spectateurs, et dans lequel étaient engagées les Porsche 997 GT Cup de Gilles Nantet et Patrick Rouillard, s'est vu tronqué par un début d'incendie sur la belle Allemande du Toulousain lors de l'ES 9 de « Olemps-Moyrazès-Colombiès ». Anthony Cosson (Porsche 997 GT Cup) retardé par des soucis mécaniques le vendredi, et Pascal Enjolras ayant rendu les armes, Gilles Nantet se mettait rapidement à l'abri et concluait par un nouveau succès, associé à une victoire en Trophée Michelin.


Groupe GT de Série: Christophe ROUSSEL, à l'arrachée !

Vincent Humeau (Hommell RS2) cravachait ferme lors de la première joute, mais voyait revenir dangereusement la Peugeot RCZ de Christophe Roussel, si bien que l'écart régressait à 2s5 le samedi en fin d'étape. Roussel venait de nouveau brouiller les cartes le lendemain, coiffant sur le fil Humeau qui échouait à seulement 2s4, signe d'un duel intense entre les deux seuls représentants du GT de Série.


Groupe N: Manu GUIGOU sur un nuage

De bout en bout, Manu Guigou a su tirer toute la quintessence de sa Mégane RS, sans que Jean-Nicolas Hot (Subaru Impreza STI N15) ne soit en mesure de l'inquiéter. Mickaël Lobry (Mitsubishi Lancer Evo 8), représentant du Team MSR by GBI.com - Minerva Oil a fait preuve de régularité en assurant une place au sein du tiercé gagnant, s'accaparant par la même occasion le podium en classe N4.
Eric Raymond (Renault Clio Ragnotti) faisait parler la poudre à l'entame des hostilités au sein de la N3, mais il rencontrait des ennuis mécaniques le faisant rétrograder dans les abysses du classement. Gauthier Périer (Renault Clio Ragnotti) héritait du leadership, mais subissait à son tour son lot de mésaventures le lendemain et abdiquait. Jean-Marc Bertrand (Peugeot 206 RC) se hissait donc au sommet d'une hiérarchie controversée de toutes parts, Fernand Da Silva (Renault Clio RS) à 6s6, ou encore le bouillonnant Alexandre Brossy (Renault Clio Ragnotti) n'ayant pas dit leur dernier mot. Auteur d'une superbe attaque lors de la première boucle de l'étape dominicale, il poussait Bertrand à la faute et s'affirmait ainsi comme le nouveau leader. C'était sans compter sur l'opiniâtreté d'Eric Raymond qui, piqué au vif, entamait une remontée impressionnante, ponctuée par un 23e chrono dans l'ES 12 de Salmiech-Trémouilles, avant de quitter la scène à son tour sur sortie de route sans gravité dans la suivante. Brossy était au final récompensé de ses efforts, tandis que Da Silva, second, récoltait le fruit d'un parcours sans faute en décrochant la médaille d'argent. Christophe Issanchou (Renault Clio Ragnotti) complète le podium.
Sébastien Bertrand (Peugeot 106 S16), largement dominateur en N2, réalisait un sans faute avant d'être trahit par la mécanique dans l'ES 13. En embuscade, Charlotte Berton (Suzuki Swift) s'adjuge les lauriers, et rentre à Rodez en seule représentante de sa catégorie ; Bastien Baules (Peugeot 106 S16) et Dominique Lucadou (Suzuki Swift) ayant également renoncé.
William Pitot (Peugeot 106 XSI) a imposé sa hargne et sa dextérité en N1, mais a dû composer avec un virevoltant Florian Ollivier (Peugeot 106 XSI) qui échoue de peu. David Rubio et Fabienne Vergnes, tous deux sur Peugeot 106 XSI, n'ont pas dépassé la première étape.

Charlotte Berton (Suzuki Swift, N2) a tutoyé les sommets en Coupe des Dames, Sabrina Sanchez (Peugeot 206 RC, A7) ne lui a cependant laissé aucun répit, elle-même se toisant avec Emeline Breuil (Peugeot 106 XSI, A5) pour le gain des places d'honneurs.
LE POINT AU NIVEAU DU CHAMPIONNAT DE FRANCE DES RALLYES JUNIOR et du CHAMPIONNAT TEAM :
Championnat de France des Rallyes Junior et Trophée Twingo R1 France: Charles Matin occupe le sommet des tablettes au gré de ses deux victoires consécutives. Damien Defert paie cher ses ennuis mécaniques et reste cantonné à la place de dauphin, avec seuls 8 points d'avance sur Florian Bernardi.
Championnat de France des Rallyes Team : Le Team Chazel by GT2i - Eroïk Drink s'est appuyé sur les performances de premier ordre de Jean-Marie Cuoq et Romain Salinas, entre autre, pour l'emporter sur cette 5e manche. Saintéloc Racing- Mister Auto fait toutefois cavalier seul en tête au Championnat avec 28 points d'avance sur son dauphin montpelliérain. Grâce à ses deux porte-drapeau, Gilles Nantet et Anthony Cosson, qui ont brigué les deux premières places du Trophée Michelin, le Team 2B-Yacco se place en ligne de mire pour le podium du Championnat Team.
Sur les 117 concurrents ayant satisfait aux vérifications administratives et techniques, 73 ont regagné le parc fermé final basé à Rodez, centre névralgique du Rallye.
Prochain Rendez-Vous : le Slalom en Côte d'Argenton-Bouglon (47), au cœur du Pays d'Albret et des Coteaux et Landes de Gascogne, entre Marmande et Casteljaloux.

Texte et photos : PQ47. Vidéo : Rallye46, PassionRallye31.