Rallye CDF des Vins Mâcon 2012
Dany SNOBECK a tenu bon
Epreuve incontournable de la Coupe de France des Rallyes, le Rallye des Vins-Mâcon a, pour 2012, franchi une étape supplémentaire en accédant au Championnat de France des Rallyes. Affecté du Coefficient 1 au même titre que le Lyon-Charbonnières et le Région Limousin, il a su toutefois séduire 140 équipages qui se sont élancés du centre névralgique du Rallye, à savoir Mâcon, pour deux journées intenses composées de six spéciales différentes, alternant portions rapides voire extrêmement rapides, et des parties plus techniques faites pour les « gros cœur ». Parmi eux, les principaux ténors du Championnat 2012 ont répondu présent et en nombre, en vue de défier ce parcours réputé piégeux, tracé en plein cœur du vignoble bourguignon.
L'occasion rêvée pour Jean-Marie Cuoq (Ford Focus WRC), actuel leader du Championnat hexagonal, le Belge Freddy Loix (Peugeot 307 WRC), Eric Brunson (Subaru Impreza WRC S12B), Dany Snobeck (Citroën C4 WRC), Julien Maurin (Ford Fiesta WRC), Pierre Roché (Mini JCW WRC), voire Lionel Baud (Peugeot 307 WRC) et Jean-Charles Beaubelique (Ford Focus WRC) de creuser l'écart face à leur rivaux dans la conquête du Graal. Il ne fallait pas non plus oublier les Peugeot 207 S2000 de Cédric Robert ou Bryan Bouffier, présents en vue de brouiller les cartes face à la meute de WRC (onze au total), ainsi que les Porschistes que composent le Champion 2011 en titre, Gilles Nantet, le jeune espoir Anthony Cosson ou encore les valeurs sûres Hervé Véricel et Patrick Rouillard.
Un Championnat d'une qualité et d'une diversité rare pour ce cru 2012, de quoi combler le public venu en nombre se masser le long des routes mâconnaises afin d'admirer des autos d'exception emmenées par des pilotes généreux et combatifs.
Vendredi, à l'entame des hostilités au cours de la première difficulté de la journée, en l'occurrence Fuissé-Bussières (12.410 kms), Jean-Marie Cuoq sort d'entrée le grand jeu, mais il est talonné à 5 dixièmes par la C4 WRC du rapide Dany Snobeck, victorieux au récent Lyon-Charbonnières. En retrait en début de saison, Julien Maurin crée la surprise en s'octroyant le 3e chrono à 9 dixièmes du leader provisoire, tandis que le Normand Eric Bruson est relégué quant à lui à 3s1, avec à ses basques la Porsche 997 GT Cup de Gilles Nantet, sur un terrain propice à l'expression du potentiel de la belle Allemande. En revanche, le premier coup de théâtre de cette quatrième manche survient dès ce premier secteur chronométré. En effet, la 307 WRC de Freddy Loix, sérieux prétendant à la victoire, se révèle capricieuse en tournant sur trois cylindres une bonne partie de la spéciale, ce dernier perdant ainsi tout espoir de bien figurer.
Si le trio de tête ne change pas dans l'ES 2, les écarts augmentent au profit de Cuoq, de même dans l'ES 3, où Véricel pointe le museau de sa Porsche 997 GT Cup en se signalant par un superbe 3e temps.
La deuxième boucle de cette première journée, et plus particulièrement l'ES 4, marquera un tournant du Rallye. En tête avec un excédent de 7s3, Jean-Marie Cuoq part à la faute dans un changement de direction, perd de précieuses minutes et se voit rétrograder au classement. Dany Snobeck hérite ainsi du leadership, et au terme d'une première journée sans embûches, rentre à Mâcon avec un pécule de 9s8 sur la Fiesta WRC de l'impressionnant Julien Maurin. Gilles Nantet confirme sa bonne forme puisqu'il hisse sa Porsche sur le podium provisoire à 19s9, tandis qu'Hervé Véricel perce au sein du Carré d'As à 21s8.
Le lendemain, les 118 rescapés ont à affronter le plat de résistance, constitué de Serrières-Pierreclos (14.8 kms), Cortambert-Azé (21.08 kms) et La Chapelle/Briançon-Tournus, longue de 25.48 kms. Piqué au vif, Cuoq repart à l'offensive et rafle la totalité des scratchs de la première boucle, si bien qu'il remonte en 3e position, à 31s3 de Snobeck. Au gré d'une superbe attaque, Julien Maurin s'accroche solidement à sa place de dauphin.
Dans des conditions difficiles alimentées par la chaleur et la fonte du goudron à certains endroits, Jean-Marie Cuoq poursuit sur sa lancée lors de l'ultime boucle, mais un véritable mano-à-mano s'opère avec Dany Snobeck, bien décidé à conserver son bien acquis jusqu'à présent. Bien que Cuoq revienne comme un boulet de canon en fin de parcours, évinçant au passage Maurin qui se console avec l'ultime marche du podium, il échoue à 12s6 de la représentante de la marque aux chevrons, dont le pilote signe sa deuxième victoire de la saison en Championnat. Avec sa deuxième place, Cuoq sauve les meubles et conforte son avance au Championnat.
Au pied du podium, Eric Brunson n'a pu se mêler à la lutte. Son principal adversaire Hervé Véricel au tapis, Gilles Nantet, 5e scratch, en profite pour s'imposer en Trophée Michelin, tandis que Bryan Bouffier vient mourir à 7s1 de la Porsche. Il damne le pion à l'autre 207 S2000 engagée sous les couleurs du Team Saintéloc-Mister Auto, en l'occurrence celle de Cédric Robert, 8e du général. Entre les deux Lionnes s'intercale la 307 WRC du Team BDS Racing Excoffier, aux mains de Lionel Baud. Jean-Charles Beaubelique (Ford Focus WRC) et Philippe Greiffenberg (Citroën C4 WRC), animateurs de longue date du Championnat de France des Rallyes, se sont fait plaisir et ramènent intacts leur bolide au sein du cercle très restreint du Top Dix.

Groupe A: Les WRC en ligne de mire

Comme prévu, le Groupe A a été l'apanage des WRC, dont le tiercé gagnant du classement général, Snobeck-Cuoq-Maurin, monte également sur le podium de Groupe. Le malchanceux Freddy Loix n'a pu ajouter son grain de sel à la lutte sans merci auxquels se sont livrés les protagonistes principaux, il jetait l'éponge finalement au cours de la seconde étape. Même punition pour Pierre Roché.
En Classe A7S, Bouffier sort vainqueur du match l'opposant à un Cédric Robert très déterminé. Sur la deuxième Peugeot 207 S2000 du Team Saintéloc-Mister Auto, Ludovic Gal s'est fait piéger peu avant Pierreclos à l'entame de la seconde étape.
La A8 était agrémentée de pilotes régionaux hors Championnat. Michaël Peslin (Mitsubishi Lancer Evo 6), profitant des aléas mécaniques de Pascal Entz (Ford Escort Cosworth) lors de la première journée, prenait le large, avant de voir la Ford bleue fondre littéralement sur lui le lendemain. Malheureusement, la mécanique faisait de nouveau défaut pour l'Escort, obligeant son équipage à rendre le carnet de bord. Peslin savourait peu de temps sa position de leader, puisqu'il voyait son moteur partir en fumée quelques kilomètres après son rival. Après avoir observé les débats, Cédric Gardoni (Audi S2) récolte le fruit d'un parcours sans faute, face à Noël Métayer (Subaru Impreza 555).
Le Provençal Guy Mottard (Peugeot 306 Maxi) ayant rejoint la liste des abandons à l'issue de l'ES 1, la confrontation attendue en A7K avec Pascal Favrat, aux commandes de la Peugeot 306 Maxi louée à Christophe Vaison, n'a pas eu lieu. Par conséquent, le second cité a déroulé pour rejoindre l'arrivée finale à Mâcon samedi soir.
Romain Laplace (Peugeot 206 RC) et Emilien Roux (Seat Ibiza GTI) out dès la première étape, Jean-Michel Pochi (Renault Clio Williams) traçait son chemin vers la conquête des lauriers en A7, avant de quitter la scène à son tour dans l'ES 11.
Révélé à Saint-Emilion le mois dernier, Romain Martel a de nouveau brillé pour sa première participation en Championnat, qui constitue la vitrine de la discipline. Le jeune Normand a su tiré toute la quintessence de sa Renault Clio S1600 qu'il hisse au 31e rang final. Alexandre Courteix (Peugeot 206 XS) n'a pu contester sa suprématie. Thierry Beaupellet (Citroën Saxo Kit Car) a de nouveau subi les affres de la mécanique.
Seul représentant de la Classe A6, Alexandre Jacquet (Citroën Saxo VTS) a roulé sur un rythme effréné, et malgré une touchette, s'est distingué par le biais de chronos significatifs.
Groupe R: Quentin GILBERT sur la pente ascendante

Le Groupe R était sans doute l'un des plus observés ce week-end, par rapport aux splendides bagarres auxquelles se sont livrés ses principaux animateurs. Face aux Clio R3, les DS3 R3 sont bien nées ; les jeunes espoirs du Rallye français Quentin Gilbert et Mathieu Arzeno l'ont de nouveau prouvé en terres mâconnaises, où le Lorrain coiffe sur le fil de peu le Méditerranéen. Des jeunes loups aux dents longues qui ont prouvé leur soif de victoire face à Eric Mauffrey, lui-même menacé par les velléités de Benoit Vaillant, en progression exponentielle aux commandes de la Renault Clio R3 du Team MSR by GBI.com -Minerva Oil.
Le Volant Peugeot 207 tombe dans l'escarcelle de Rémi Jouines ; Jérémi Ancian, troisième, n'ayant pu combler son retard pris la veille suite à des déboires d'ordre mécanique. Franck Sias exclu par décision du collège des commissaires sportifs, Jean-Paul Monnin a géré la place de dauphin qu'il a vu se profiler à l'horizon.
Le suspense a également été au rendez-vous concernant la conquête de la Classe R2. Seul face à une kyrielle de représentantes de la marque au losange, emmenées par les furieux du Trophée Twingo R2, Guillaume Sirot (Citroën C2 R2 Max) a tenu bon, avant de craquer dans l'ES 8. Laurent Clutier (Renault Twingo RS) a ensuite pris le relais, et glane la couronne après s'être affranchi de ses rivaux, Yann Clairay (Renault Twingo RS) en tête. Hors Trophée « Twingo R2 », le pilote officiel Renault Sport Technologies Nicolas Romiguière est parvenu à contenir le local Thierry Monnet et le Languedocien Romain Salinas. La R1 échoit à l'un des lauréats Rallye-Jeunes, Jérémy Beaux (Citroën DS3). Jean-René Perry (Renault Twingo RS) a bien tenté de le déloger du sommet des tablettes, en vain. Victime d'une violente sortie de route dès l'ES 1, Yann Bergues (Citroën DS3) n'a pas pu défendre ses chances.

Groupe F2000: Laurent LECKI, sur ses terres

Il l'avait annoncé à la Conférence de Presse d'avant Rallye, l'objectif clair et net de Laurent Lecki (Peugeot 306 XSI), de surcroit à domicile, était d'empocher le Groupe F2000, après ses deux dernières victoires lors des deux manches précédentes. Ce dernier a parfaitement rempli sa mission, sans que rien ni personne ne vienne entraver sa marche en avant. Un autre local en la personne de Jean-Baptiste Bonin (Peugeot 306 S16) s'illustre en dauphin. La troisième marche du podium est à mettre au crédit d'Olivier Delaporte (Renault Clio RS). Le Poitevin Nicolas Hernandez faisait parti des candidats au sommet de la hiérarchie, malheureusement sa superbe Citroën Xsara Maxi refusait tout service avant même le départ de l'ES 1. Inscrit au Championnat, il pouvait bénéficier du SuperRallye le lendemain, et au terme d'une belle mise en jambe où il faisait jeu égal avec Lecki, la mécanique s'acharnait de nouveau sur lui entre l'ES 10 et l'ES 11.
En F2-13, Mathieu Artzner (Peugeot 106 S16) a fait figure d'épouvantail, mais il était stoppé dans son élan par la mécanique. Quant à l'équipage Sophie Micheneau-Marie Girard (Citroën Saxo VTS), elles sortaient violemment dans l'ES 8, nécessitant l'intervention des secours. Nous leur souhaitons un prompt rétablissement. Seul à l'arrivée, Yann Sapin (Peugeot 106 S16) a joué la carte de la prudence afin d'accrocher une victoire inespérée au départ.
En F212, Cyril Volatier (Peugeot 205 Rallye) met tout le monde d'accord dès la première étape du vendredi, malgré la pression constante exercée par un Frédéric Dargaud (Peugeot 205 Rallye) déchaîné, stoppé dans son élan par la mécanique à quelques ES du dénouement. En embuscade, Ghislain Berthier (Citroën AX Sport) a cravaché ferme pour contenir la 205 Rallye de Michel Lutaud.
Excellente prestation pour Aldine Laurenzano-Barreaud, qui, esseulée en F2-11, a relevé le challenge de signer des temps très prometteurs. Elle est récompensée de ses efforts par une encourageante 75e place finale.
Groupe GT+ et GT de Série: Les « Porschistes » à l'honneur

Une nouvelle fois, Gilles Nantet a tutoyé les sommets aux commandes de sa vénérable Porsche 997 GT Cup. S'il a dû composer avec un époustouflant Véricel. La sortie de route de ce dernier lui a facilité la tâche pour coiffer les lauriers en GT+. Anthony Cosson (Porsche 997 GT Cup), retardé par une crevaison et une touchette, a laissé filer le véloce Patrick Rouillard (Porsche 997 GT Cup) vers les accessits.
Dans le Groupe voisin, à savoir le GT de Série, une sérieuse empoignade était amorcée entre Christophe Roussel et Michel Godard, avant que l'originale Peugeot RCZ rende les armes dans l'ES 9, offrant une voie royale à la Porsche 996 GT3 blanche.

Groupe Z: Bruno Chambard, sans concurrence

Seul en Groupe Z, Bruno Chambard étrennait l'une des rares Ford Sierra RS Cosworth restantes en France.

Groupe N: Manu GUIGOU intouchable !

Sur la Renault Mégane RS du Team Chazel - Marc de Passorio, Manu Guigou domine de la tête et des épaules, et ce dès la première étape. Pour les places d'honneurs, la voie s'est rapidement éclaircie avec les abandons prématurés d'Yves Pezzutti (Mitsubishi Lancer Evo 9) et Michaël Lobry (Mitsubishi Lancer Evo 8). La place de dauphin a été le théâtre d'affrontements virils entre la Mitsubishi Lancer Evo 6 du Nordiste Johan Vanson, dont l'exploit du Touquet a marqué les esprits, et la Subaru Impreza STI N15 de Jean-Nicolas Hot, représentant du Team 2HP - Veloperfo.com. Seuls trois dixièmes séparent les quatre roues motrices, à l'avantage du Vosgien.
Le lendemain, tandis que Guigou s'envole vers le titre suprême, le duel fratricide Vanson/Hot se voit tronqué par la sortie de route sans gravité du premier cité. Hot s'offre ainsi l'opportunité. Régulier, Pierre Lafay (Renault Mégane RS) a maîtrisé les assauts d'Alain Foulon (Mitsubishi Lancer Evo 10), et s'adjuge la médaille de bronze.
Frédéric Michaud-Maillet (Renault Clio Ragnotti) a fait honneur à sa réputation de grandissime favori en enlevant la N3, ne laissant que des miettes à Patrice Schutz (Renault Clio RS) et Bruno Corsin (Ford Fiesta ST).
Belle prestation également pour le lauréat de la N2, Julien Ducloux (Citroën Saxo VTS), qui a tenu à distance Yann Mogno (Citroën Saxo VTS), lui-même ayant profité d'une classe décimée par les abandons pour rentrer à Mâcon avec la médaille d'argent.
Le suspense a été à son comble au sein de la plus petite cylindrée du Groupe N où Jérémi Campos et Guillaume Sangouard, tous deux sur Citroën AX GTI, se sont livrés à une joute mémorable. Ils terminent dans cet ordre, après avoir relégué Sébastien Seraud (Peugeot 205 Rallye) au rang d'observateur.

En Championnat Teams, si le Team 2B-Yacco truste la victoire sur la manche mâconnaise, le Team Saintéloc Racing-Mister Auto accroit son avance au classement du Championnat.
La Coupe des Dames est attribuée à Aldine Laurenzano-Barreaud et Lucie Noirot, seules rescapées des équipages féminins, qui ont été durement touchés ce week-end. Nous souhaitons bon courage et prompt rétablissement à Sophie Micheneau et Marie Girard, ainsi qu'à Lucie Vauthier et Cécile Pages.
Sur les 140 partants, 83 ont rallié le parc fermé final à Mâcon.
Prochain Rendez-Vous : le Rallye Régional de l'Esculape (48) en Coupe de France, et pour la 5e manche du Championnat de France des Rallyes, à savoir le Rallye Rouergue-Aveyron-Midi-Pyrénées (12).

Texte et photos : PQ47.