Rallye du Var 2011
LATVALA en puissance …
Point d'orgue de la Saison 2011 du Championnat de France des Rallyes, le Rallye du Var réalisait un carton plein en accueillant sur le port de Sainte-Maxime pas moins de 201 équipages au départ de cette épreuve phare ; où tous les scénarios possibles du dénouement d'un Championnat long et éprouvant sont envisageables. Avant le coup d'envoi de ce millésime 2011, plusieurs pilotes étaient en lice pour se départager le titre suprême, Gilles Nantet (Porsche 996 GT Cup) ayant conservé un maigre avantage à l'issue du Critérium des Cévennes sur ses principaux adversaires : Eric Brunson (Subaru Impreza WRC), Dany Snobeck (Citroën C4 WRC), Pierre Roché (Peugeot 307 WRC) voire Cédric Robert (Citroën DS3 R3). Mais l'attraction principale de ce somptueux feu d'artifice était sans nul doute la présence du Team Ford Abu Dhabi WRTeam sur les routes varoises. L'objectif annoncé pour la structure chère à Malcom Wilson était clairement défini : engranger de l'expérience sur asphalte pour ses deux pilotes officiels : Jari-Matti Latvala et la nouvelle recrue, l'Estonien Ott Tanak, afin d'être mieux armé la saison prochaine face à la concurrence redoutable de la marque aux chevrons. Pour cela, le tracé sélectif du Var apparaissait comme le terrain de jeu idéal. Par ailleurs, des compétiteurs de haut niveau tels Stéphane Sarrazin (Peugeot 307 WRC) ou Bryan Bouffier (Peugeot 207 S2000) venaient grossir les rangs d'un plateau déjà exceptionnel, composé de 13 WRC, 9 S2000 et 3 GT+, pour ne citer qu'elles...
Fort de son expérience acquise depuis ses débuts en Mondial, et très en verve en cette fin de saison après avoir épinglé la victoire en Grande-Bretagne, le Finlandais Jari-Matti Latvala se positionnait clairement comme l'homme à battre de cette 57ème édition. Tout au long des 12 épreuves chronométrées prévues au programme, ce dernier a fait honneur à sa réputation en jouant sur les devants de la scène.
Et pourtant, Stéphane Sarrazin créée la surprise dès l'ES 1 en talonnant le Finlandais à 3s2 au volant d'une Peugeot 307 WRC beaucoup moins récente que l'Américaine. Ott Tanak s'intercale au troisième rang, à 3s3, tandis que Pierre Campana, auréolé d'un vif succès en terres cévenoles le mois dernier, claque le 4e chrono aux commandes de la Mini John Cooper Works WRC. Bryan Bouffier brille à la 5e place provisoire, tandis que les habituels animateurs du Championnat de France ne peuvent suivre le rythme effréné de ces rivaux d'un week-end. Dany Snobeck annonce toutefois la couleur en pointant 6e, devant Eric Brunson et Pierre Roché. Mais le premier coup de théâtre surviendra dès la piégeuse ES 2 de Pignans, où le Champion de France 2008 part à la faute, et la mort dans l'âme, renonce, en perdant tout espoir d'empocher le titre.
Latvala boucle quant à lui la première étape du vendredi en tête avec 7s2 sur Sarrazin, qui s'est, au passage, octroyé l'ES 4 de « La Môle » (7.590 kms). Le lendemain, Sarrazin poursuit son ascension vertigineuse en caracolant en tête de l'ES 5. Mais c'est mal connaître le Finlandais qui s'empresse de remettre les pendules à l'heure dans Bormes-les-Mimosas, collant 11s5 au pilote d'Endurance, en proie à des problèmes d'embrayage. Aux commandes d'une Citroën C4 WRC, Frédéric Comte en profite quant à lui pour se signaler par un extraordinaire 2e temps scratch.
Piqué au vif, Sarrazin rétorque dans la suivante, et au terme d'un véritable mano-à-mano entre les deux protagonistes jusqu'à la fin de la journée, Latvala possède désormais un pécule de 43s3 sur Sarrazin, victime d'une crevaison ; tout comme Tanak, qui rétrograde de la 3e à la 5e place. En revanche, Comte, parti pour signer une performance de premier ordre, est stoppé dans son élan par la mécanique au terme de l'ES 8. Eric Brunson connaît également une première alerte dans l'ES suivante où une durite de turbo défaillante lui fait perdre près de trois minutes ; Pierre Roché et le revenant Sylvain Polo (Citroën Xsara WRC) en tirant profit.
Tandis que Latvala gère la victoire qu'il voit se profiler à l'horizon au cours des trois spéciales de La Garde Freinet (10.9 kms), Vidauban (32.18 kms) et Collobrières (33.15 kms) qui constituent la dernière étape, Campana et Tanak brillent, en s'imposant respectivement dans l'ES 10 et l'ES 11.
Avec 49s9 d'avance sur son dauphin, en l'occurrence Stéphane Sarrazin, Latvala inscrit pour la première fois son nom au palmarès de l'épreuve varoise. Ott Tanak a quant à lui entamé une folle remontée et se glisse, in-extremis, au sein du tiercé gagnant. Pierre Campana n'a pas démérité pour autant et offre un palmarès éloquent à la Mini WRC du Team Drive-Pro en venant mourir à seulement 7s5 du podium. Bryan Bouffier, très performant tout au long du week-end, hérite de la 5e place, bien qu'ayant frôlé la correctionnelle dans « La Môle-Col du Canadel » 2. Pierre Roché a profité des déboires d'Eric Brunson, out dans l'ES 12, pour s'imposer au 6e rang, damnant le pion à la Xsara WRC de Sylvain Polo. 8e et meilleur performer du Trophée Michelin au Var, Julien Maurin (Ford Fiesta S2000), en marge de son programme en IRC, est venu clôturer son enrichissante Saison 2011 de fort belle manière, sur un rallye qu'il affectionne. Sur ses talons, Ludovic Gal (Peugeot 207 S2000) est l'auteur d'une belle prestation, conclue par une belle 9e place, tandis qu'Emmanuel Guigou signe l'exploit de placer sa Renault Mégane RS (N4) du Team Chazel-Dalta au sein du cercle très restreint du Top Dix final.
Pour le gain du Championnat de France, Eric Brunson ayant grillé son joker dans Collobrières, c'est Gilles Nantet qui paye de sa régularité en étant proclamé Champion de France 2010. Il succède ainsi à Bryan Bouffier, tout en imposant une Porsche au sommet de la hiérarchie ; ce qui n'était plus habituel depuis bon nombre d'années.

Groupe A: Les WRC se distinguent

Avec 13 WRC au départ, c'est sans surprise que le haut des tablettes en Groupe A s'est vu accaparé par ces autos de pointe, avec à leur tête, Latvala. Face à cette meute déchaînée, les S2000 ont su tirer leur épingle du jeu, Bryan Bouffier l'a brillamment démontré en s'immisçant au sein du Top 5. Le pilote Peugeot s'adjuge ainsi les lauriers en Classe A7S, tandis que Julien Maurin et Ludovic Gal complètent les places d'honneurs.
A l'image de la A8, la Classe A7K a été décimée par les abandons. La référence Jean-François Bérenguer et sa superbe Renault Mégane Kit Car ex-Rouillard partait en grandissime favori. Un statut qu'il confirmait rapidement en pointant 20e au général le vendredi soir. Mais le chat noir refaisait surface le samedi, contraignant le Languedocien à rendre son carnet de bord. Même punition pour le local Thomas Matz (Volkswagen Golf 3 GTI) dont la course s'arrêtait sur les bas-côtés de l'ES 5 de Pignans, tandis que Nicolas Schifano (Renault Clio Williams) abdiquait en parc de départ dès le vendredi.
En A7, Jean-Pierre Gatti (Peugeot 206 RC) et Jean-Luc Derosne, également sur Peugeot 206 RC, se sont échangés les meilleurs temps ; le premier cité sortant victorieux de cette belle passe d'armes. Sur ses terres, le Tropézien Frédéric Cappuccio a été le maître à bord au volant de sa belle et efficace Peugeot 206 S1600 pour le compte de la A6K. Philippe Cecchi (Peugeot 206 S1600) a bien tenté de lui donner la réplique, mais en vain. L'ultime marche du podium tombe dans l'escarcelle de Philippe Abbas (Peugeot 206 XS), qui est venu à bout de la Saxo Kit Car de Franck Coria.
Seul représentant de la A6, Christian Conte (Citroën C2 VTS) a dû renoncer tout près du but sur ennuis d'ordre mécanique. Julien Marchand (Peugeot 106 Rallye) se retrouvait quant à lui bien esseulé au sein de la plus petite cylindrée du Groupe A, mais parvient à franchir la ligne d'arrivée d'un Rallye extrêmement dur, tant pour les hommes que pour les mécaniques.
Groupe N: GUIGOU au sommet de son art

Ce week-end, Manu Guigou a une nouvelle fois fait étalage de son incommensurable talent, exprimant au passage tout le potentiel de la Mégane RS N4. Le Team Chazel-Dalta était en passe de décrocher le jackpot avec la seconde Mégane RS engagée aux mains de la valeur montante Mathieu Maurage, qui, avant son abandon, figurait sur le podium, derrière la Mitsubishi Lancer Evo 10 du redoutable Cyril Audirac, dauphin du premier cité. La mécanique ayant fait défaut pour la Renault, le Letton Andis Neiksans (Mitsubishi Lancer Evo 10) récolte le fruit d'un parcours sans faute.
Pascal Mackerer (Renault Clio RS) a occupé les devants de la scène en N3 tout au long de l'épreuve, avant de voir fondre littéralement sur lui le prometteur Kévin Bernaux (Renault Clio Ragnotti), qui coiffe sur le fil l'Alsacien dans l'ultime ES de Collobrières. Patrice Bourras (Peugeot 306 S16) est quant à lui venu contrecarrer les ambitions de Valéry Klein (Renault Clio Ragnotti) pour le gain de la médaille de bronze dans cette même ES. Les Renault Clio Ragnotti de Frédérik Casciani et Carol Calamel ont, quant à elles, rejoint la liste des abandons dès le vendredi soir.
La Classe N2 a été le théâtre de réelles échauffourées entre la Saxo VTS d'Eric Vuillemin et la Suzuki Swift de Romain Forstier, la Japonaise conservant un léger avantage face à la Citroën jaune. Sébastien Florès (Peugeot 106 S16) a été relégué au rang d'arbitre.
Nicolas Renchet, a, comme à l'accoutumée, dicté sa loi en N1, imposant son AX GTI face à la Peugeot 106 Rallye de Lorris Vieil et l'AX GTI d'Eddy Bertin.

Groupe R: ARZENO concrétise

Avec ses deux Citroën DS3 R3 emmenées respectivement par Mathieu Arzeno et Cédric Robert, le Team Saintéloc Racing-Mister Auto a joué dans le haut des tablettes. Le jeune espoir provençal a tiré toute la quintessence de sa monture, en triomphant face à la référence Cédric Robert. Tous deux ont supplanté la Renault Clio R3 d'Eric Mauffrey, qui paye de sa régularité en Trophée Clio R3, après avoir repoussé les ardeurs de son plus coriace adversaire, Kris Princen (Renault Clio R3). Pierre-Antoine Guglielmi faisait également forte impression avant d'être victime d'une violente sortie de route dans Vidauban le dimanche matin, nécessitant une intervention médicale. Nous souhaitons à l'équipage corse un prompt rétablissement, de même qu'à Olivier Courtois et Damien Jole (Renault Clio R3), sortis violemment la veille dans « La Môle-Col du Canadel » également.
En R2, les Renault Twingo s'offraient l'apanage le vendredi, avec Laurent Clutier à leur tête, talonné de près par le redoutable Stéphane Consani, et ce face à une armada de Citroën C2 R2 Max emmenées par Sébastien Condroyer. Ce dernier trouvait le bon tempo le samedi, et confirmait le dimanche, pour un cheveu face à la C2 R2 Max de Ludovic Bogey. Le Hongrois Zoltan Bessenyey (Citroën C2 R2 Max) s'offre l'opportunité de figurer parmi le trio de tête.
Concernant le Trophée Twingo R2, Romain Salinas perdait gros d'entrée, en cassant un cardan avant le départ de l'ES 1. Selon la règle en vigueur du SuperRallye pour les concurrents inscrits au Championnat de France, il pouvait repartir le lendemain, mais perdait tout espoir de bien figurer. Un véritable bras de fer s'opérait entre Stéphane Consani et Laurent Clutier. Clutier jouait les trouble-fêtes le vendredi, mais partait à la faute le lendemain. Une voie royale s'ouvrait alors pour Consani, tandis que Georges Gonon subissait les foudres de la mécanique suite à un cardan épris de liberté, et laissait échapper dans l'affaire de précieuses minutes. Au final, Consani rentrait en vainqueur du Trophée à Sainte-Maxime.
La bataille en Twingo R1 à l'occasion de cette ultime confrontation retenait également toutes les attentions, tant la bagarre pour le titre de Champion de France Junior entre ses principaux protagonistes a tenu en haleine les nombreux observateurs. Avec un pécule de 11s3 sur Mathieu Sentis, Quentin Gilbert frappe un grand coup dès le vendredi soir. Sébastien Chardonnet était bien parti, mais une casse de support moteur l'éloignait des sommets du classement. Les positions demeurent échangées le samedi, Gilbert poursuivant sur sa lancée, tandis que Nicolas Romiguière quitte la course sur ennuis mécaniques. Il ne restait plus à Gilbert qu'à dérouler pour coiffer la couronne dimanche, mais la mécanique en a décidé autrement dans l'ES 12. Au final, la manche varoise échoit à Mathieu Sentis. Cédric Coste et Damien Defert suivent, terminant dans un tir groupé. Mais au décompte des points, et ce malgré son abandon, c'est bel et bien Nicolas Romiguière qui se voit titré, remportant de ce fait un volant officiel aux commandes de la dernière née des ateliers Renault Sport, la Twingo R2 Evo.
Groupe F2000: Stéphane FERREIRO à l'arrachée

L'étape du vendredi faisait d'ores et déjà des dégâts au sein du Groupe F2000 : Olivier Albors (Peugeot 306 XSI) et Pierre Bernard (Peugeot 206 S16) out dès l'ES 1, Jonathan Fra (Peugeot 206 XS) a fait figure d'épouvantail, avant qu'une sortie de route rédhibitoire dans l'ES 4 viennent hypothéquer tout espoir de victoire. Stéphane Ferreiro (Citroën ZX 16S) prenait ainsi le relais, pour ne plus le lâcher, malgré la pression constante d'Eddy Sammartino (Peugeot 106). Derrière, on se bousculait au portillon, et c'est finalement Alexandre Dechanet (Peugeot 205 GTI), qui, après avoir cravaché ferme, rafle la mise.
En F213, Jonathan Fra caracolait en tête devant l'imposante Citroën C2 de Thierry Troïano, mais ces derniers ont connu des infortunes diverses : sortie pour l'un, mécanique pour l'autre. Eddy Sammartino décrochait ainsi la timbale, reléguant à des années lumières la Peugeot 205 GTI de Pascal Arnould.
Jean-Michel Chol (Simca Rallye 3) est quant à lui le lauréat d'une Classe F212 âprement disputé avec la Peugeot 205 Rallye de Valentin Cohen.

Groupe Z: Xavier OTTIN PECCHIO malchanceux

Avant son abandon, Xavier Ottin-Pecchio signait une honorable performance en plaçant sa BMW M3 en 94e place scratch.

Groupe GT: NANTET s'impose en GT +, GAILLARD en GT de Série

Malgré une sortie de route dans l'ES 4, Gilles Nantet, à l'image de Romain Dumas, a pu repartir en SuperRallye. Assurant le titre de Champion de France, il n'a pas tenté le diable et rentre à Sainte-Maxime à bon port, avec la victoire en GT+ en poche, son principal adversaire Romain Dumas ayant abandonné à l'issue de l'ES 12.
Le Groupe GT de Série a quant à lui vu ses principaux candidats à la victoire se réduire comme peau de chagrin. Exit Laurent Kieffer, la mécanique de la belle Porsche 996 GT3 s'enrayant entre l'ES 3 et l'ES 4. De même pour Christian Estienne (Porsche 964 RS) le lendemain matin suite à la casse d'un cardan, imité quelques kilomètres plus loin par Pierre-Ange Cordoliani (Porsche 996 GT3). Il ne restait guère que les GT9 de Jean-Claude Gaillard (Hommell RS 2) et Thomas Clausi (Rover MGF Trophy), ainsi que la Porsche 968 CS (GT10) de Pascal Cuenin pour se disputer la palme. Ces derniers rentrent à Sainte-Maxime dans cet ordre.

Au niveau du Championnat de France Teams, avec les performances des DS3 R3 de Mathieu Arzeno, Cédric Robert et Bertrand Latour, le Team Saintéloc Racing-Mister Auto empoche un capital de points nécessaire pour être sacré à l'issue de la manche varoise. Le Team MSR by GBI.com, n'a pu défendre pleinement ses chances, mais a su préserver le meilleur face au Team Revo 6 - techno-plus.eu.
A noter la mise en place d'une opération sous le nom de « Fiesta Var Challenge » permettant à huit équipages sélectionnés de prendre part au Rallye au volant d'une Fiesta R2. A ce petit jeu, c'est Nelson Panciatici qui coiffe sur le fil la talentueuse Charlotte Berton. Sur les 201 Concurrents autorisés à prendre le départ, 123 ont regagné le parc fermé final basé à Sainte-Maxime, centre névralgique du Rallye.
En Rallye Historique, suite à la sortie de route de Gérard Morière (Porsche 911 SC) qui dominait jusqu'à l'ES 3, Pedro s'impose aux commandes de sa mythique Lancia Rally 037, face à l'Escort RS 2000 de Didier Vanwijnsberghe et la Porsche 911 RSR de Mats Myrsell.

Prochaine épreuve : le Rallye Régional du Médoc (33).

Texte et Photos : PQ47.