Rallye National d'Automne-La Rochelle 2011
Xavier LEMONNIER, enfin !
Epreuve phare du Grand Ouest de l'Hexagone, et plus généralement du calendrier rallystique national, le Rallye National d'Automne-La Rochelle-Charente Maritime soufflait dignement ses 56 bougies, fort d'un plateau impressionnant à tous les niveaux. En effet, avec l'ensemble des effectifs cumulés, ce n'est pas moins de 216 équipages qui se sont présentés au départ de ce grand rendez-vous ; puisqu'en parallèle du Rallye dit « moderne », se déroulait, pour la troisième année consécutive en terres rochelaises, la Finale de la Coupe de France des Véhicules Historiques de Compétition, à laquelle se greffait également le Rallye d'Automne Classic.
L'ensemble des membres du Sport Auto Océan se voyaient ainsi récompensés de leurs efforts par un plateau d'une qualité extrêmement rare, où en Moderne, sur le lot des 162 équipages autorisés à en découdre, l'on dénombrait pléthore de candidats au titre suprême, parmi lesquels un nombre record de 6 WRC engagées. La qualité de l'organisation, la difficulté de l'épreuve, le sens de l'accueil et l'ambiance conviviale qui s'en dégage expliquent certainement le réel engouement manifesté pour ce Rallye comptant pour la Coupe de France coefficient 5. Afin d'en renforcer l'intérêt, le S.A.O, sous la coupelle de son président Gérard Texier, a placé ce cru 2011 sous le signe de l'innovation. En effet, c'est un parcours inédit qu'ont découvert l'ensemble des concurrents. Exit la spéciale de Rives de la Gères et Bord de la Devise, remplacées par le nouveau tracé des « 3S ». Les spéciales habituelles de Sainte-Soulle, Val de Trézence et Pays Savinois ont en revanche été conservées, mais ont subi de profondes modifications. Autre nouveauté : l'apparition d'une spéciale dite « spectacle », tracée en plein cœur de la Zone Industrielle de Périgny ; vouée à clôturer la première étape. Les fondamentaux tels que le parc de regroupement et d'assistance à Surgères, ainsi que le parc fermé dressé sur le port de La Rochelle étaient quant à eux toujours d'actualité.
Ayant échappé de peu à la victoire en 2010, Xavier Lemonnier, cette fois-ci aux commandes d'une Peugeot 206 WRC, est revenu avec la ferme intention d'inscrire cette épreuve de renom à son riche palmarès ; bien que la tâche s'annonçait âpre face à une féroce concurrence composée du revenant Stéphane Jamot, aux commandes d'une Subaru Impreza WRC ex-Rémy, du Normand Arnaud Gautier (Subaru Impreza WRC), du Nordiste José Barbara, également sur Subaru Impreza WRC, voire du Lorrain Brett Barbé (Peugeot 206 WRC), de Pascal Lescloupé, ayant loué pour l'occasion une splendide Peugeot 307 WRC des Ateliers Bozian Racing, Jean-Sébastien Vigion au volant de la Fiat Grande Punto S2000 du précédent cité, Thomas Privé (Mitsubishi Evo 9), Patrice Laroche (Renault Mégane Kit Car), Michel Hayet (Subaru Impreza GT), Michel Bourgeois (Mitsubishi Evo 8), Reynald Moinet et Mickaël Faucher, tous deux sur BMW 318 Compact … entre autres, tant la liste est longue.
Parti le couteau entre les dents pour la première boucle nocturne du vendredi, Xavier Lemonnier rentre en tête à La Rochelle avec 13s4 d'avance sur le vétéran Stéphane Jamot, séparé par seulement un dixième d'Arnaud Gautier. Jean-Sébastien Vigion, accusant un déficit de puissance face aux WRC, s'inscrit au sein du Carré d'As à 14s8 du leader, tandis que Philippe Rageau (Renault Mégane, F2000-14) crée la surprise en refermant les rangs du Top 5 provisoire.
Le lendemain, sous un temps idéal, Lemonnier confirme sa prestation de la veille, tandis que pour le gain de la position de dauphin, une lutte fratricide est d'ores et déjà entamée entre les deux japonaises de Jamot et Gautier, à l'avantage du Normand. Ce dernier s'adjuge par ailleurs le chrono suivant de « Val de Trézence », avant que Lemonnier remette les pendules à l'heure dans « Pays Savinois », bouclant ainsi la deuxième étape avec un excédent de 11s par rapport à son nouveau poursuivant, Arnaud Gautier. Stéphane Jamot suit tant bien que mal le rythme effréné imposé par ses adversaires, mais se voit dès à présent talonné par un toujours aussi rapide Jean-Sébastien Vigion. Lemonnier frappe un grand coup dans les trois secteurs chronométrés suivants, et porte désormais son avance substantielle à 28s6 par rapport à Arnaud Gautier, toutefois peu résigné. En revanche, la lutte pour le compte de l'ultime marche du podium est à son comble, puisqu'outre Vigion et Jamot, un troisième homme, en l'occurrence Brett Barbé, est venu se greffer à cette joute magistrale.
La dernière boucle s'annonce ainsi décisive pour la composition finale du podium. Dans la lignée de ses chronos des dernières épreuves spéciales, Barbé poursuit son ascension vertigineuse en claquant successivement deux 2e temps scratchs, jusqu'à s'offrir la cerise sur le gâteau dans l'ultime épreuve chronométré, à savoir le temps scratch. Mais cela n'a pas suffit pour faire vaciller Lemonnier, qui peut désormais savourer la joie de rentrer en vainqueur Place Saint Jean d'Acre. Arnaud Gautier, fort de sa régularité, triomphe au deuxième rang, tandis que Brett Barbé, au terme d'une superbe démonstration, s'octroie les honneurs de la médaille de bronze. Vigion s'incline pour seulement 7s2, mais a toutefois réussi à contenir le local Stéphane Jamot. Aux commandes de sa Citroën Saxo Kit-Car, l'époustouflant Florian Cordillot marque le point d'orgue d'une saison retentissante en s'immisçant au 6e rang final. Pascal Lescloupé, 7e, signe une honorable prestation, avec comme maître mot celui de se faire plaisir au volant d'une auto d'exception.
Le Basque François Hirigoyen, disposant d'une Renault Clio R3 de chez Vivens Location, a affolé les chronos sur un terrain radicalement différent de celui que l'on peut rencontrer au Pays Basque, allant même jusqu'à faire la nique à l'expérimenté Eddie Lemaitre, qui referme quant à lui le Top Dix. Entre les deux Renault, s'intercale la BMW 318 Compact F2-14 du duo Moinet-Mora, qui a entamé une superbe remontée de la 30e à la 9e place.
Concernant la Finale de la Coupe de France des Rallyes V.H.C, après l'abandon dès le vendredi du grand favori Jean Ragnotti et sa mythique Alpine A110, toutes les attentions se portaient sur la Porsche 911 SC de Gérard Morière, qui malgré la pression constante du duo mythique Jean-Claude Andruet/Biche (Porsche 911 RSR 3L), rafle la mise. Christophe Terriou (Porsche 911 RSR) complète le podium.
En Rallye Classic, Alain Muller (Porsche 911 Carrera) a eu le dernier mot sur ses rivaux.

Groupe A: Les WRC en ligne de mire

Il était difficile d'atteindre les WRC, présentes en force à La Rochelle. Si José Barbara renonçait rapidement dès l'entame des hostilités, Xavier Lemonnier a maintenu le cap et s'adjuge tout naturellement les lauriers, face à ses poursuivants Gautier et Barbé, qui composent également le podium de Classe A8W.
Une véritable hécatombe s'est en revanche abattue sur la catégorie A8. Ludovic Crosnier (Subaru Impreza) jette l'éponge dès l'ES 1, imité le lendemain par Michel Hayet (Subaru Impreza GT), Stéphane Palissier (Ford Escort Cosworth), ainsi que par Laurent Fauguet (Mitsubishi Lancer Evo 9) qui avait acquis auparavant une avance confortable. Frédéric Robinet (Seat Ibiza Cupra TDI) hérite ainsi de la couronne, face à la BMW 325 I du Breton Régis Thomas.
En A7S, Vigion, seul dans sa catégorie, a mis à profit toute son énergie et sa dextérité pour monter sur le podium final, mais en vain. Il a cependant été, comme à l'accoutumée, l'auteur de passages remarquables, confirmant toute sa pointe de vitesse.
En A7K, à l'issue de la sortie de route sans gravité dans l'ES 6 du favori Patrice Laroche qui menait largement le bal, Fabrice Bilhot (Renault Clio 3 RS) n'avait plus qu'à dérouler pour rentrer à bon port, avec le titre en poche. Loïc Barbier (Opel Astra Kit Car) et Franck Pailler (Peugeot 306 Maxi) ont quant à eux subi les affres de la mécanique.
La A7 a été le théâtre d'affrontements virils entre la Honda Civic Type R de Franck David, la Renault Clio 16S de Laurent Sivadier et la Clio Williams de Xavier Appercé. Si ce dernier boucle la première journée en tête avec un maigre avantage de 0s9 sur Sivadier, Franck David, piqué au vif, exprime pleinement son potentiel le samedi, plaçant ainsi sa Nippone blanche au sommet de la hiérarchie après l'ES 5. Mais Sivadier ne l'entend pas de cette oreille, et au gré d'une superbe attaque, parvient à distancer le Médocain, qui, en proie à des ennuis mécaniques, renonce dans l'ultime ES, offrant la place de dauphin sur un plateau à Xavier Appercé. Romain Coussot (Renault Clio Williams) se glisse dans le tiercé gagnant. Julien Rambault (Renault Clio Williams) n'a pu quant à lui se distinguer, la mécanique l'ayant trahi dans l'ES 1, de même que Olivier Daunas (Peugeot 206 RC) dans l'ES 3.
Florian Cordillot a fait figure d'épouvantail pour le gain de la A6K, bien que Mickaël Terrière (Citroën C2 S1600) ne lui ait laissé aucun répit. Les réjouissances ont été de courte durée pour Paul Paillé, qui découvrait sa nouvelle arme, la Citroën Saxo S1600 ex-Conil, après s'être fait piégé au cours de l'ES 9. Luc Gellusseau (Peugeot 206 XS) récolte ainsi le fruit d'un parcours sans faute.
Johan Bertot (Citroën Saxo VTS) a résisté aux velléités de Yohan Morilleau (Peugeot 106 S16), prêt à saisir le moindre faux pas de la part de son adversaire dans la course à la victoire en Classe A6. Les Saxo VTS de Gérald Marchand, Alexandre De Sousa, Alain Rivaud et Anthony Blin ayant tour à tour toutes abdiquées, Julie Savatier (Citroën Saxo VTS) décroche un podium inespéré au départ à la vue de la liste des partants.
Les concurrents de la catégorie A5K ont eux aussi expérimenté la réputation du Rallye d'Automne, à savoir celle d'un Rallye très éprouvant pour les mécaniques, puisque Damien Dam (Peugeot 106 XSI), Stéphane Vesvre (Peugeot 106 Rallye) et Jérôme Favre (Peugeot 106 XSI) ont rejoint également la liste des abandons. Patrick Brunerie (Peugeot 106 XSI) se retrouvait ainsi bien esseulé.
Dans la plus petite cylindrée du Groupe A, Brice Ricou (Peugeot 205 Rallye) remplit pleinement l'objectif de tout concurrent : celui de rallier l'arrivée finale.
Groupe N: Stéphane PUSTELNIK impose la Mégane RS

Au sein de ce groupe très relevée, les Mitsubishi étaient bien parti pour se tailler la part belle. En tête du cortège, Thomas Privé (Mitsubishi Lancer Evo 9), avec hargne et élégance, surclasse la Renault Mégane RS de Stéphane Pustelnik à l'issue des deux premières spéciales constituant la première étape. Michel Bourgeois, l'un des plus sérieux candidats dans la conquête du Graal, rend les armes, de même que Fabrice Arnaudin (Mitsubishi Lancer Evo 8). Le lendemain, Pustelnik passe à l'offensive et coiffe sur le fil la Japonaise rouge. Parti à l'assaut de la dernière née des ateliers Renault Sport, Thomas Privé sort violemment dans l'ES 7 « Val de Trézence ». Si l'équipage, fort heureusement, s'en sort sans trop de dommages, l'auto s'embrase entièrement, entraînant la neutralisation de cette épreuve chronométrée. Pour les accessits, Yann Guérineau (Renault Clio RS) vient contrecarrer les ambitions de Stéphane Rogeon (Mitsubishi Lancer Evo 9).
En N4, Pustelnik et Rogeon terminent dans cet ordre, après avoir perdu leurs camarades de jeu. La N3 a quant à elle fait l'objet de nombreux rebondissements, à commencer par le retrait d'un des plus sérieux outsiders, Alexis Bariteau (Renault Clio Ragnotti), et ce d'entrée de jeu. Eric Sauteur (Renault Clio RS) s'empare du commandement, face à une armada d'adversaires aux dents longues, emmenées par le virevoltant Johnny Laroche (Renault Clio Williams). Mais ces derniers étant contraints, la mort dans l'âme, à l'abandon, ils laissent s'expliquer chaudement les Clio RS de Yann Guérineau et Edward Lefebvre. Au terme d'une course palpitante, le Vendéen tient la dragée haute à son rival, tandis qu'Anthony Faussabry (Renault Clio RS) rafle la troisième place.
Pour le compte de la N2, Lionel Mesnager (Citroën Saxo VTS) a délogé Geoffrey Labrousse (Peugeot 106 S16) du trône qu'il occupait. Labrousse n'a pourtant pas ménagé ses efforts, mais s'incline, loin devant l'autre Peugeot 106 S16) de Nicolas Foulon.
En N1, Jérôme Ricou (Peugeot 106 XSI) était sur un nuage, avant qu'une sortie de route sans gravité le stoppe dans son élan. Jimmy Cornueau s'offre ainsi l'opportunité, suivi par la Peugeot 106 Rallye de Maxime Blanchet.

Groupe F2000: MOINET au final

Parti le plus vite vendredi, Rageau était rapidement rejoint par le redoutable Jean-Michel Leclerc (Renault Clio RS). Un véritable duel au coude-à-coude s'est opéré entre les deux protagonistes du F2000, avant que Rageau lâche prise. Par ailleurs, Reynald Moinet n'était pas présent dans le but d'enfiler des perles, en surgissant au sein du Top Dix, poussant dans ses derniers retranchements Leclerc, avant que la mécanique de la belle Clio s'enraye. Moinet rafle ainsi la mise, suivi par Rageau, qui a également été l'auteur d'un numéro de haute voltige. Mickaël Faucher, poursuivant l'apprentissage de la BMW 318 Compact, parvient à tenir en respect Eric Chabrier, également sur BMW 318 Compact, pour le compte du podium du F2000 (qui se réfère également à celui de la Classe F2-14). Cédric De Sousa (BMW 318 Compact) a fait forte impression, avant de rendre son carnet de bord.
En F213, le vendredi, Gary Guérin (Peugeot 106 S16), sur ses terres, a dicté sa loi au redoutable Christophe Charloton, qui effectuait son retour aux commandes de sa monstrueuse Citroën Saxo. En embuscade, Pascal Lecamus surveillait de près les hostilités, avant de subir de nouveau les aléas de la mécanique ; le chat noir ayant élu domicile dans l'habitacle de la Citroën C2 depuis le Pays d'Auge n'étant résolument pas décidé à le quitter. Guérin et Charloton subissait à leur tour la même punition, permettant à Dany Rossignol (Peugeot 106 XSI) de coiffer les lauriers, devant la superbe Citroën C2 GT de Thierry Malglaive et la Citroën Saxo VTS de Sophie Micheneau, auteure d'une superbe prestation.
La F212 tombe dans l'escarcelle de la vaillante Simca Rallye 2 de Michaël Etié. Stéphane Mulon a tiré toute la quintessence de sa Peugeot 106 Rallye pour le compte de la place de dauphin, tandis que la dernière place restante du podium a été l'apanage de Ludovic Valarcher (Peugeot 205 Rallye).
En manque de concurrence, Christophe Rault (Peugeot 106, F211) conclut à la 77e place du classement général.
Groupe GT: Joël MALLET malchanceux

Seul représentant du Groupe GT de Série, le Sarthois Joël Mallet (Porsche 996 GT3) renonçait dès la première épreuve chronométrée sur ennuis mécaniques.

Groupe Z: Idem pour Thierry KERVENO

Aux commandes d'une des rares BMW M3 encore en course, Thierry Kerveno se fait plaisir et entretient la flamme de cette auto de légende, qui ravit toujours autant les passionnés. Malheureusement, l'aventure s'est arrêtée lors de l'ES 5, sur ennuis d'ordre mécanique.

Groupe R: HIRIGOYEN, épatant !

Au départ de La Rochelle, Eddie Lemaitre faisait figure de grandissime favori en Groupe R, tant son expérience et son coup de volant ne sont plus à prouver. S'il faisait amplement honneur à sa réputation lors de la première étape, il voyait ensuite François Hirigoyen se rapprocher dangereusement de la plus haute marche. Après avoir tiré toute la quintessence de sa monture, Hirigoyen fondait littéralement sur le Normand, le privant ainsi du titre. On savait le pilote basque rapide, mais de là à l'imaginer à la 8e place scratch et 1er de Groupe, il y avait un fossé que même le plus téméraire des pronostiqueurs n'osait franchir. Raphaël Sebire et Simon Pagenaud, tous deux sur Citroën C2 R2 Max, se sont disputés chaudement l'ultime place du trio de tête ; un duel qui a tourné à l'avantage du premier cité, ce dernier enlevant au passage un nouveau succès en Classe R2B.

Sophie Micheneau et Marie Girard enlèvent la Coupe des Dames devant Julie Savatier et Sabrina Caillé.
C'est donc 86 Concurrents sur les 162 au départ qui ont eu la joie de rallier l'arrivée finale à La Rochelle, centre névralgique du Rallye. Le Rallye d'Automne La Rochelle Charente-Maritime a une nouvelle fois tenu toutes ses promesses en offrant un spectacle de qualité et de somptueuses bagarres ayant tenu en haleine les spectateurs, présents en nombre sur le bord des spéciales. La Finale de la Coupe de France des Rallyes V.H.C. a elle aussi connu un franc succès, par le biais d'une qualité du plateau proposé qui s'accroit au fil des éditions.
Prochaine épreuve : le Rallye du Var du 24 au 27 Novembre, ultime manche du Championnat de France des Rallyes.
Texte et Photos : PQ47.