Rallye National du Pays Basque 2011
JEZEQUEL entre les gouttes
Après avoir eu la lourde tâche d'organiser la Finale de la Coupe de France des Rallyes 2010 au cœur de cette splendide région qu'est le Pays Basque, l'Ecurie Automobile Hasparren-Pays Basque, emmenée par Alain Baluto, était à pied d'œuvre afin de relancer une nouvelle édition du traditionnel Rallye du Pays Basque, épreuve phare du calendrier des Rallyes Aquitains. Ce cru 2011 était placée sous le signe des festivités à l'occasion du 20e anniversaire de ce Rallye réputé pour la beauté de ses spéciales, de ses paysages, son accueil chaleureux, ainsi que pour la qualité de son organisation.
Malheureusement, seulement 68 équipages ont répondu présent à l'appel des organisateurs. Il est d'ailleurs dommage que ces derniers ne soient pas récompensés à leur juste valeur, tant le travail accompli pour faire perdurer un National, de surcroit après une Finale, est colossal et de longue haleine. Mais les absents ont toujours tort, cette superbe édition a par ailleurs été l'occasion de vérifier la véracité des dires du célèbre dicton. En revanche, si la quantité pêchait, la qualité était au rendez-vous. En effet, les principaux ténors habitués du Pays Basque avaient inscrit de longue date ce rendez-vous incontournable d'une croix blanche sur leur calendrier. Outre la présence des locaux basques et aquitains, les Bretons étaient également présents en force afin de pimenter les débats, à l'image d'André Jézéquel et Gwenaëlle Le Roy, aux commandes de leur Peugeot 207 S2000, qui font désormais figure d'inconditionnels du Rallye du Pays Basque.
Ce même équipage, malgré une concurrence redoutable ne lui ayant laissé pas un instant de répit, a dominé de la tête et des épaules cette 20e édition, lui permettant d'inscrire une nouvelle fois son nom au palmarès de l'épreuve.
Et pourtant, sur la sélective spéciale de Pascoenia, incontournable du Pays Basque, faisant office de mise en appétit à l'entame de la première étape du vendredi soir, c'est Yohan Dupouy, très en verve aux commandes de sa Peugeot 306 S16 F2000, qui tire le premier, avec un pécule de 4s1 sur Jézéquel et 5s6 sur le véloce Damien Delanoue (Mitsubishi Lancer Evo 8) A8. Cependant, Jézéquel vient contrecarrer les ambitions de la Lionne aux couleurs Hankook dès le secteur chronométré suivant d'Isturitz-Orègue (10.4 kms), où il colle 6s à son adversaire, lui permettant de rentrer en tête à Hasparren. Damien Delanoue, solidement installé au troisième rang, a dû cependant contenir perpétuellement les assauts de Christophe Duigou (Mitsubishi Lancer Evo 9) N4 dans l'ES 1 d'une part, et de la valeur montante Florian Cordillot (Citroën Saxo Kit Car) A6K dans l'ES 2, d'autre part.
A l'issue de ces deux premières épreuves spéciales, Christophe Duigou s'octroie la quatrième place, tandis que Yannick Lacouture (BMW 318 Compact) F214, pas dans le coup suite à des soucis de réglage du train avant, referme les marches du Top 5.
Le lendemain, sur des spéciales rendues humides par les averses de la nuit, Jézéquel hausse le ton dans Ayerre-Pessarou, tandis que pour le gain de la place de dauphin, sur un terrain propice à sa 4 Roues Motrices, Damien Delanoue passe à l'offensive et vient brouiller les cartes. La Japonaise figure désormais à 0s8 de la Peugeot de Yohan Dupouy. Mal réveillé, Duigou est évincé du Carré d'As par le virevoltant Lionel Jacob (Peugeot 206 S16) F2000.
Alors que Jézéquel en remet une couche dans Pascoenia 2, Delanoue fond littéralement sur Dupouy, qui ne peut rivaliser face à la puissance de la « Mitsu » bleue. Quant à Christophe Duigou, l'ES 5 de Ayerre-Pessarou est l'occasion pour lui d'exprimer pleinement son potentiel en claquant le meilleur chrono pour 2s1 face à Jézéquel, qui a lui-même creusé un écart général substantiel de 16s7 sur… Dupouy, qui, après un 3e temps scratch, se révèle bien décidé à ne pas céder aussi facilement sa deuxième place. Yannick Lacouture retrouve peu à peu confiance en sa monture, comme en témoigne son quatrième puis son deuxième temps.
Tandis que la pluie refait son apparition, le bras de fer opposant Dupouy et Delanoue reprend ses droits. C'est un véritable duel à couteaux tirés auquel se livrent ces derniers, puisqu'à l'issue de l'ES 7, ils se tiennent dans un mouchoir de poche, regroupés dans le même dixième ; Dupouy conservant toutefois un maigre avantage.
Désormais, il ne reste qu'une boucle de deux spéciales pour les départager. Si Jézéquel gère sa victoire qu'il voit se profiler à l'horizon, Delanoue, au gré d'une attaque magistrale, s'empare des deux derniers secteurs chronométrés et souffle ainsi la place de dauphin à Yohan Dupouy. Le pilote de l'Ecurie Montesquieu, navigué pour l'occasion par Sylvain Coutarel, n'a cependant pas démérité en tenant la dragée haute tout au long de la journée à son rival.
4e, Christophe Duigou a bataillé ferme afin de contenir les assauts de Yannick Lacouture. Ayant loué une Renault Clio R3 afin de disputer le Rallye se déroulant sur ses terres, François Hirigoyen a démontré, s'il l'était encore nécessaire, tout l'étendu de son talent. Il clôture l'épreuve basque en 6e position, après avoir brillé par des chronos significatifs, tel un 4e temps scratch dans Ayerre-Pessarou 1. Avec hargne et élégance, Florian Cordillot cueille la 7e place. Il damne le pion à la Subaru Impreza WRX STI de Stéphane Derory, venu prendre sa revanche après une Finale malchanceuse qui s'était soldée par une sortie de route. Aux commandes de sa Renault Clio Ragnotti, Olivier Ortholan a gratifié le public d'une performance de premier ordre, en s'intercalant au 9e rang, de peu face à son adversaire certainement le plus coriace, Eric Sauteur (Renault Clio RS).

Groupe A: André JEZEQUEL, naturellement

Malgré une concurrence exacerbée, André Jézéquel a su garder la tête froide et s'impose au sommet de la hiérarchie, au classement général comme au Groupe, devant un Damien Delanoue très déterminé. En marche vers un podium de Groupe, Yves Arnaudeau (Peugeot 206 RC) caracolait à la 6e place du général avant de partir à la faute au cours de l'ES 4 de Pascoenia. Florian Cordillot héritait ainsi de la médaille de bronze.
En A8, Delanoue a fait figure d'épouvantail. Paul Gauthier reprend peu à peu ses marques aux commandes de la Toyota Célica GT Four, tandis que Pierre Lerosier, peu en confiance dans sa Mégane F2000 lors du dernier Rallye du Foie Gras et de la Truffe, a troqué cette dernière contre son ancienne Ford Escort Cosworth, rachetée à De Sousa. Au volant de son nouveau jouet, le Corrézien a connu des fortunes diverses, mais a tout fait pour rallier l'arrivée. Malheureusement, cela n'a pas été le cas pour le local Jean-Pierre Telleria (Subaru Impreza WRX STI) contraint à renoncer rapidement.
Si en A7S, André Jézéquel a relégué à des années lumières la Fiat Punto S2000 de Pascal Lescloupé, Franck David (Honda Civic Type R) est passé à travers tous les pièges pour le gain de la Classe A7. Parti sur un bon rythme, Bernard Hirigoyen (Renault Clio Williams) qui évoluait à domicile, voyait sa mécanique s'enrayer, le contraignant à rejoindre la liste des abandons. Dans cette même classe, Laurent Barrère (Renault Mégane 16V), deuxième, coiffait sur le fil la Honda Civic Type R de Jérôme Rébès, de retour cette saison.
Au départ du Rallye à Anglet, le plateau s'annonçait relevé en A6K, prémisse d'affrontements virils. Paul Paillé, en proie à des ennuis d'ordre mécanique sur sa Fiat Punto Kit Car, laisser filer Florian Cordillot, qui, au passage, a fait preuve d'une grande dextérité au volant de sa Citroën Saxo Kit Car ex-Patrice Robert. Le Rallye a en revanche été de courte durée pour Cédric Orillac, qui étrennait pour l'occasion sa nouvelle arme : une superbe Citroën Saxo Kit Car. Si les temps des deux premières spéciales se révélaient encourageants, la Citroën bleue montrait des signes de fatigue (surchauffe), et l'équipage Girondin préférait jouer la carte de la prudence en rendant leur carnet de bord. Aux commandes de sa Peugeot 106 XSI arborant une nouvelle déco, le local Sébastien Larcabal n'en espérait pas tant, à l'issue de l'ES 5, il pointait 21e au Général, et deuxième de classe. Hélas, le chat noir refaisait surface, hypothéquant tout espoir de podium pour le sympathique basque.
Pour le compte de la A6, Olivier Louis (Citroën Saxo VTS) raflait les meilleurs temps, jusqu'à ce que la Peugeot 106 S16 noire aux couleurs « Netto » des frères Blanc surgisse et rafle la mise. L'Espagnol José-Alberto Cadelo Carrera (Citroën Saxo VTS) a quant à lui été relégué au rang d'observateur.
Stéphane Vesvre (Peugeot 106 XSI) sur la touche à l'issue de l'ES 1, la victoire de Classe A5K tombe dans l'escarcelle de Jérôme et Olivier Favre (Peugeot 106 XSI). Esseulé dans la plus petite cylindrée du Groupe A, Yannick Dupouy (Peugeot 106 XSI) a également jeté l'éponge sur ennuis mécaniques.
Groupe N: Christophe DUIGOU, dans son jardin

Après sa mésaventure de Sauveterre La Lémance, Christophe Duigou avait toutefois à cœur de disputer son Rallye à domicile, et c'est au volant d'une nouvelle Mitsubishi Lancer Evo 9 que la terreur basque du Groupe N prenait part à cette vingtième édition. D'entrée, ce dernier prouvait qu'il n'était pas présent dans le but d'enfiler des perles. Malgré la pression constante de Stéphane Derory, Duigou coiffait la couronne, après n'avoir concédé qu'une seule ES au second cité, qui s'incline donc au rang de dauphin. Après avoir pris ses repères, Cyril Vosa'hlo (Subaru Impreza STI) commençait à jouer les trouble-fêtes, mais il était stoppé dans son élan par la mécanique (ES 6). L'ultime marche du podium a fait l'objet de réelles échauffourées entre les Clio Ragnotti d'Ortholan et de Sauteur, à l'avantage du premier cité.
La Classe N4 échoit donc au vainqueur de Groupe, Christophe Duigou, qui a cependant dû surveiller en permanence dans ses rétroviseurs la Subaru de Derory. Suite à l'abandon prématuré de Vosa'hlo, Jean-Paul Terral (Mitsubishi Lancer Evo 9), recordman du nombre de participations au Pays Basque, ayant pris part à la totalité des éditions, s'offre l'opportunité d'accrocher un podium de classe. Quant à Marc Piagno, ses débuts sur la Mitsubishi Lancer Evo 6 n'ont pas été ponctués de succès, il fautait dans l'ES 3, l'abandon étant alors inévitable. Pour son premier Rallye dans le bacquet de gauche, Ximun Juzan a lui aussi joué de malchance, une roue de sa Renault 5 GT Turbo se faisant la malle dans l'ES 1.
Au terme d'une belle passe d'armes avec Sauteur, Olivier Ortholan remporte le Graal en N3. Le premier cité manque le coche mais se voit récompensé de ses efforts par une place finale dans le Top Dix. Lionel Espinasse (Peugeot 206 RC) out, Jérôme Dantiacq (Peugeot 206 RC) régulier, récolte le fruit d'un parcours sans faute en se glissant parmi le tiercé gagnant. A noter la sortie de route sans gravité dès l'ES 1 du Marmandais Pierre Tournié (Renault Clio Ragnotti), récent vainqueur de Groupe au Slalom en Côte d'Argenton-Bouglon face à des références, et qui aurait pu jouer les premiers rôles sans cette erreur rédhibitoire. Geoffrey Georgevitch inaugurait quant à lui sa nouvelle monture, une Renault Clio Ragnotti ex-Bard. Le Rallye fut de courte durée également pour la Clio aux couleurs de « Confort Automobile », sa copilote, Marie Carrié, n'étant pas au mieux de sa forme, l'équipage préférait renoncer.
En N2, Damien De Wilde (Peugeot 106 S16) impose sa suprématie. Daniel Baillinou-Massey et Christophe Bouthier, eux aussi sur Peugeot 106 S16, complètent le trio de tête.

Groupe F2000: Yohan DUPOUY sur le trône

Dans ce Groupe décimé par les abandons, Yohan Dupouy, en osmose totale avec sa performante 306 F2000, a brillé tout au long du week-end, allant même jusqu'à tutoyer la place suprême dans l'ES 1. S'il s'incline, les armes à la main, face à Delanoue au classement scratch, en F2000, il a littéralement survolé les débats face à la référence Yannick Lacouture, venu toutefois le chatouiller en fin de parcours. Lionel Jacob était parti pour réaliser un nouvel exploit également, mais la mécanique en a décidé autrement à l'issue de l'ES 8. Hervé Brouillaud (Peugeot 205 GTI) subissait la même punition, de même que Fernand Paille-Barrère (Seat Ibiza) et Nicolas Simian (Peugeot 306 Maxi). De retour après sa sortie de route du côté de Saint-Emilion, Damien Larrondo (Citroën Saxo VTS) en profite pour monter sur le podium.
En F214, derrière les valeurs sûres Dupouy et Lacouture sur une autre planète, Philippe Urban (Volkswagen Golf GTI) se fraye un chemin sur le podium.
Le grand favori de la F213 Thierry Dacruz absent, et Patrice Chaussat (Citroën Saxo) ayant abdiqué dès l'entame des hostilités, c'est Damien Larrondo qui triomphe. Dans ses roues, on retrouve Jérémie Martinez (Peugeot 205 GTI), lui-même suivi par l'habituée Sophie Micheneau (Citroën Saxo VTS).
En l'absence de concurrence, Stéphane Mulon (Peugeot 106 Rallye) décroche la timbale en F212.
Groupe GT: Gérard MARIE au tapis, BOISSOU récolte

Tout comme au Rallye du Foie Gras et de la Truffe, on attendait un affrontement entre la BMW 135 I et la Nissan 350 Z. Gérard Marie annonçait la couleur lors de la première étape, mais il sortait pour le compte dans l'ES 3. François-Xavier Boissou endossait donc le maillot de vainqueur, tout en ayant fait glissé comme à l'accoutumée sa célèbre Nissan.

Groupe R: François HIRIGOYEN, la consécration

Pour sa première expérience au volant de la Clio R3, François Hirigoyen a d'emblée impressionné de par ses chronos figurant au sommet des tablettes. Le Basque, adepte des conditions difficiles, a tiré toute la quintessence de sa monture pour s'imposer. Sylvain Cazalbou (Renault Clio R3) acquiesçait avant que la mécanique ne le trahisse. Fabien Chazoulières (Citroën C2 R2), habitué du Pays Basque, signe un nouveau succès en R2.

Pour le compte de la Coupe des Dames, Sophie Micheneau (Citroën Saxo VTS) F213 a conservé le meilleur, Fabienne Lassalle (Citroën Saxo VTS) A6 n'ayant pu rejoindre la ligne d'arrivée.
Cette 20e édition n'a pas échappée à la règle d'un Rallye éprouvant tant pour les hommes que pour les mécaniques, puisque sur les 68 équipages autorisés à prendre le départ, 37 ont rejoint le centre névralgique du Rallye, basé à Hasparren. Bravo à tous pour le spectacle fourni !

Prochain Rendez-Vous : la Course de Côte de Moissac - Ste Thècle (82).

Texte et Photos : PQ47.