Rallye National du Saint Emilion 2011

La revanche d'Antony MORA
Pour son vingtième anniversaire, l'équipage organisatrice du Rallye du Saint-Emilion, sous l'égide de son président Michel Saurue, a mis les petits plats dans les grands. En effet, outre les secteurs chronométrés habituels de Puisseguin, Montagne et Lussac, une nouvelle spéciale, tracée aux portes de Saint Emilion, accueillait les concurrents en guise de prologue le vendredi soir, à l'issue des vérifications administratives et techniques. Un Rallye ainsi redécoupé sur un format de deux jours, et se déroulant, comme le veut la tradition, le week-end de l'Ascension. Malgré la concurrence directe avec la Ronde Limousine, troisième manche du Championnat de France des Rallyes, le Saint-Emilion, fort de sa réputation acquise au cours de ces dernières décennies, n'a pas failli à la règle. Le parc fermé basé au centre névralgique du Rallye, à savoir la cave de Puisseguin, avait en effet fière allure, en accueillant un plateau relevé ; digne du rang national qu'occupe l'épreuve girondine.
Pour la gagne, il était effectivement compliqué d'établir un quelconque pronostic, l'adversité étant de taille. Lors du prologue du vendredi, le vainqueur de l'édition précédente, Mickaël Faucher (Ford Escort Cosworth) FA8, démontre qu'il a bel et bien l'intention de rééditer sa performance de l'édition 2010. Antony Mora s'affirme quant à lui en dauphin à 2s8. Le Basque Christophe Duigou (Mitsubishi Lancer Evo 9) N4, au gré d'une superbe attaque, clôture cette première journée sur le podium provisoire, talonné par Mickaël Lobry (Mitsubishi Lancer Evo 8) N4, à seulement 0s6.
Bruno Longépé, non pas aux commandes de son habituelle Clio R3, mais de la Renault Mégane Kit-Car du Corse Paul Alérini, referme le Top 5. On a toutefois encore en mémoire sa dernière venue à Puisseguin, lors de l'édition 2006 qu'il avait inscrit à son palmarès au volant d'une trop rare Xsara Kit-Car, et gageons que le lendemain, il devrait constituer un client sérieux pour le podium final.
Mais le Saint-Emilion est également synonyme de Rallye éprouvant, tant pour les hommes que pour les mécaniques, et les coups de théâtre ne tardent pas à sonner ; Mickaël Faucher, actuel leader du Rallye, renonce effectivement à l'issue de l'ES 2, sur ennuis mécaniques. Une voie royale s'ouvre alors pour Antony Mora, qui possède à cet instant de la course, un pécule de 12 secondes sur son adversaire le plus coriace, à savoir Bruno Longépé. Ces derniers doivent cependant surveiller d'un œil attentif la superbe BMW 318 Compact F214 pourpre et or de Yannick Lacouture, qui, sur ses terres, s'est toujours montré très performant. Il occupe la troisième place ; Lobry et Duigou n'ayant pu faire face à son retour. On attendait beaucoup de Frédéric Purrey, évoluant dans son jardin. Sur sa nouvelle arme, une Ford Escort Cosworth ex-Dupuy, on pouvait le compter parmi les favoris, de surcroît à domicile. Malheureusement, après un 7e temps dans l'ES 1, il connaissait une première alerte le vendredi soir, puis écopait d'une pénalité. Le lendemain, la belle Ford se montrait de nouveau capricieuse avant l'ES 2, contraignant son équipage à rejoindre la liste des abandons.
Dans les ES 3 et 4 de Lussac et Montagne, Antony Mora accentue l'écart le séparant de la Mégane Kit-Car ; qu'il porte à 22 secondes. Lacouture est à 37s9, Duigou à 40s1 et Jean-Luc Roché, sur la Peugeot 207 S2000 du Team FJ, à 51s4. Mickaël Lobry est quant à lui sortit des tablettes, le turbo de la Japonaise ayant rendu l'âme.
Dans l'ES 5 de Puisseguin, Mora repart à l'attaque, devant Lacouture à 8s4 et Yohan Dupouy, qui pointe le museau de sa Peugeot 306 F2000, à 13s6. Christophe Duigou connaît quant à lui une alerte, la mécanique s'enrayant, et perd de précieuses minutes, donc tout espoir de bien figurer. Piqué au vif, il signe le deuxième chrono de l'ES 6 derrière Mora, tandis que Longépé manque à l'appel, des ennuis mécaniques l'ayant contraint à rendre son carnet de bord.
Tandis que Dupouy et Lacouture se partagent respectivement l'ES 7 et l'ES 8, Antony Mora, gère son avance confortable, ce qui ne l'empêche pas de se montrer le plus rapide dans les trois spéciales suivantes. Avec près de 58s d'avance, il ne lui reste désormais plus qu'à dérouler dans l'ultime secteur chronométré afin de rallier l'arrivée en vainqueur ; ce qu'il effectue, avec toutefois un problème de transmission, mais sans conséquence sur son résultat final. Le Sarladais s'impose donc pour la deuxième fois à Puisseguin, sur une épreuve qui, pourtant, ne lui a pas toujours sourit. Il renverse ainsi la vapeur, suite à l'édition 2010 où il était parti à la faute.
Dauphin, Yannick Lacouture a fait preuve une nouvelle fois de son talent, tandis que Yohan Dupouy, paye de sa régularité et de son sens de l'attaque, en montant sur le podium final.
L'une des plus grosses performances du jour est sans doute à attribuer à la valeur montante Florian Cordillot. Sur sa Citroën Saxo Kit Car acquise à Patrice Robert et qu'il étrenne depuis le début de saison, il a peu à peu monté en puissance, malgré un tête-à-queue dès le prologue, pour conclure au pied du podium. Et ce, après avoir terminé en fanfare par un 3e chrono, lui permettant de ravir la 4e place à la 207 S2000 de Jean-Luc Roché. Sur sa Citroën C2 S1600, Mickaël Terrière a également été l'auteur d'une belle démonstration, en se hissant au 6e rang. Il damne le pion à la Fiat Punto Kit-Car de Paul Paillé, lui-même suivi par Romain Longé, qui signe un retour tonitruant aux commandes de sa fidèle Peugeot 206 S16 F2000. Respectivement 9e et 10e, Olivier Ortholan (Renault Clio Ragnotti) N3 et Lionel Espinasse (Peugeot 206 RC), n'ont, eux non plus, pas amusé la galerie.
Absent depuis le début de saison, Yannick Ordonneau (Peugeot 206 S16) F214 a également effectué un retour remarqué, en se classant 11e.

Groupe A: CORDILLOT sur le fil !

Avant l'entame de l'ultime ES, le Groupe A était destiné à Jean-Luc Roché. Mais c'est sans compter sur la fougue et la dextérité de l'inoxydable Florian Cordillot, qui coiffe sur le fil le pilote du Team FJ. Mickaël Terrière se glisse dans le tiercé gagnant, après avoir pris l'ascendant sur Paul Paillé.
En A8, un plateau de choix se présentait au départ. Mais cette classe a été décimée par les abandons. Premier leader du Rallye et par la même occasion du Groupe A, Faucher se retire après l'ES 2, tout comme Purrey avant l'ES 2. Le Francilien Laurent Fauguet, qui occupe la 8e place au général aux commandes de sa Mitsubishi Lancer Evo 9, prend le relais avant de partir à la faute au cours de l'ES 4. Yannick Frélaut (Ford Escort Cosworth) n'en espérait pas tant, avant de subir à son tour les aléas de la mécanique dans l'ES 8, imité par Régis Thomas (BMW 325 I).
Seul en A7S, Jean-Luc Roché s'impose logiquement, tandis qu'en A7K, Longépé n'a pu s'exprimer jusqu'au bout. Pour le gain de la A7, Yves Arnaudeau (Peugeot 206 RC) prend le large dès le départ, malgré la pression constante de Franck David (Honda Civic Type R). Arnaudeau cravache ferme dans la boucle nocturne de Monbadon et décroche ainsi la palme, après avoir contenu la Peugeot 206 RC de Jean Blayon et Romain Coussot, très efficace aux commandes de sa Renault Clio Williams, en s'offrant notamment le 13e temps de l'ES 8. Franck David, un temps dauphin de la A7, a connu divers ennuis le faisant plonger au classement.
S'l y a une classe où les empoignades se sont révélées ardues, c'est bel et bien la A6K. Tandis que Luc Malgras (Citroën Saxo S1600) sort de la route sans gravité à proximité de l'arrivée de l'ES 1, Paul Paillé, grand habitué du Saint-Emilion, frappe fort d'entrée le vendredi, avant d'être rejoint par Cordillot. Après l'ES 6, les deux hommes ne sont séparés que par 4s2, suivis par Terrière, en embuscade. Mais la Saxo Kit- Car virevolante se montre la plus rapide, en signant notamment un 3e temps absolu dans l'ES 12 ! Paillé se fait surprendre par Terrière, et se contente de la médaille de bronze. A noter le retrait de Sébastien Bourhis (Peugeot 206 XS) en début de Rallye, pourtant bien parti.
En A6, Yohan Morilleau (Peugeot 106 S16) prend le large, mais il est trahit par la mécanique. Hervé Langlois (Citroën Saxo VTS) se retrouve esseulé, et, sans adversité directe, coiffe la couronne. Yves Blin (Citroën Saxo VTS) sort de la route dans l'ES 12. En A5, Yannick Dupouy faisait cavalier seul en tête, avec à la clé une superbe 19e place au général devant des autos bien plus affutés que la sienne, mais l'ES 10 était fatale à la mécanique de la Peugeot 106 XSI. La victoire tombe ainsi dans l'escarcelle de Brice Ricou (Peugeot 205 Rallye).
Groupe N: Olivier ORTHOLAN rafle le Groupe N

Avec les pointures présentes au sein de ce Groupe, il était difficile d'imaginer que ce serait une Renault Clio Ragnotti qui décrocherait la palme. Après les abandons successifs de Frédéric Martin (Mitsubishi Lancer Evo 9) sur sortie de route sans gravité dans l'ES 1, Mickaël Lobry (Mitsubishi Lancer Evo 8) dans l'ES 4, Pascal Rey et Didier Bernard, tous deux sur Mitsubishi Lancer Evo 8, sur ennuis mécaniques, auxquels s'ajoutent les déboires de Duigou, Olivier Ortholan parvient à tenir en respect la 206 RC (N3) de Lionel Espinasse. Le podium est complété par Michel Porcher (Renault Clio Ragnotti) ; un podium de Groupe qui se réfère au podium de la Classe N3, Classe au sein de laquelle Julien Séré (Renault Clio Ragnotti) occupait le haut de l'affiche avant de renoncer à son tour dans l'ES 6. A noter, en N3, le beau résultat de Loïc Larquey, ayant emprunté pour l'occasion la Renault Clio RS de Gilbert Schott, avec laquelle il s'octroie la 4e place de Groupe et la 15e au Général.
Seul rescapé de la N4, sans avoir été épargné par la mécanique lui non plus, Christophe Duigou, mis à part ses soucis de l'ES 5, a assommé littéralement la concurrence en Groupe N dans les spéciales suivantes. En N2, les débats s'amorcent par de réelles échauffourées entre la Saxo VTS de Julien Reigniez et la 106 S16 de Damien De Wilde, séparés de 0s7. Mais le lendemain, De Wilde affirme sa suprématie en enfilant les scratchs comme des perles, et coiffe les lauriers, avec à la clé une place dans le Top 20 au Général. Julien Reigniez peut néanmoins être satisfait de sa performance, en ayant tenu la dragée haute à De Wilde tout au long du Rallye. Kévin Coignard (Citroën Saxo VTS) se glisse dans le tiercé gagnant.
La N1 a été l'apanage de Bernard Gombeau (Peugeot 106 XSI) devant Laurent Bonneau (Peugeot 106 XSI) ; Sébastien Gourdon (Peugeot 205 Rallye) et Jérôme Ricou (Peugeot 106 Rallye) ayant rejoint la liste des abandons.

Groupe F2000: MORA sur tous les fronts

Solide vainqueur du Rallye, Mora empoche naturellement le Groupe F2000, devant les deux autres membres du trio de tête, à savoir Lacouture et Dupouy. Les abandons se sont également montrés nombreux, à commencer par Laurent Daguin (Peugeot 306 S16) à la fin de la première étape, imité le lendemain par Anthony Ulbert (Renault Clio Ragnotti) suite à la perte d'une roue, David Laussel, qui inaugurait sa nouvelle BMW 318 Compact, sur ennuis mécaniques ; ainsi que Jean-Pierre Lejeune (BMW 318 TI Compact) sur sortie de route sans gravité ; pour ne citer qu'eux. Meilleur performer en F213, Longé s'illustre également au 4e rang du Groupe. Damien Larrondo (Citroën Saxo VTS) occupait la deuxième place de la Classe 13, mais ses espoirs s'envolaient dans une sortie de route sans gravité, quelques encablures avant l'arrivée. Claude Carlos (Peugeot 106 S16) récolte le fruit d'un parcours sans faute.
Ludovic Valarcher (Peugeot 205 Rallye) est quant à lui auréolé d'un succès en F212. Ludovic Prosper (Peugeot 106 XSI) épingle la deuxième place, face à la 205 Rallye des Lotois Vincent Fournanty et Marion Cledel.
Groupe GT: Jacques FORCES à la régulière

Ayant pris toute la mesure de sa Porsche Cayman, Jacques Forcès s'adjuge le Groupe GT. Encore en phase d'apprentissage de sa nouvelle Renault Clio V6, Steeve Thabard prend la deuxième place.

Groupe R: JOUSSELY au sommet de la hiérarchie

Sur sa nouvelle Citroën DS3 R3, Romuald Lezeau occupait le leadership ainsi qu'une place dans le Top 10. Mais il hypothéquait toutes chances de victoire sur ennuis mécaniques. Jérôme Joussely (Renault Clio R3), débarrassé de Jean-Pierre Guinel (Citroën C2 R2) sorti de la route sans gravité, hérite du commandement, et, malgré une belle frayeur à la bosse de Lussac, rentre à bon port avec le Groupe R en poche. Second, Thomas Vergines (Citroën C2 R2) se console avec la victoire en R2B, tandis qu'Arnaud Cormier, retardé par des ennuis mécaniques, achève les douze secteurs chronométrés bon dernier.

Pour le gain de la Coupe des Dames, Stéphanie Lage (Peugeot 205 GTI) F213 est venu contrecarrer les ambitions de Céline Bonneau (Renault Clio RS) F214 et Aline Chollet (Peugeot 106 XSI) F212 dans l'ES 1. Mais elle renonçait au départ de la deuxième étape, à l'image d'Aline Chollet dans l'ES 5. Céline Bonneau faisait donc figure d'épouvantail. Au final, 61 équipages ont rejoint le parc fermé final, sur les 107 au départ.

Prochain Rendez-Vous : les 11 et 12 Juin à l'occasion du Rallye du Val Dadou (81) et du Slalom Poursuite d'Agen (47).

Texte et Photos : PQ47. Vidéos : Rallye46 et PassionRallye31.